Lazare Gousseau

/photos/Lazare_Gousseau.jpgOn l’avait d’abord repéré dans Maison d’arrêt au Théâtre de Poche en 2006, puis dans Mariage en blanc » à Louvain-la-Neuve, où il campait un jeune homme dont la nonchalance ironique cachait une vraie sensibilité. Un rôle ambigu, tout en subtilité, qu’il portait avec un naturel confondant. On l’a retrouvé ensuite dans Tokyo Notes d’Oriza Hirata au Théâtre des Tanneurs. Dans ce spectacle où une multitude de personnages ne cessent d’aller et venir, il débarque en traînant un peu les pieds. Puis, s’installant sur la banquette du hall de ce musée où se déroule l’action, il commence, sans se presser, à peler une orange. Pas un mot, pas un regard. Juste ce geste machinal, régulier, suivi de la dégustation du fruit, quartier par quartier. Il faut une sacrée présence pour imposer ainsi, en ouverture d’un spectacle, dans la vive lumière qui éclaire la salle tout autant que le plateau, plusieurs minutes de silence total, où rien d’autre ne se passe que cet enchaînement de geste banal. Cette présence, Lazare Gousseau semble la posséder naturellement, jouant avec une étonnante économie de moyens de sa longue silhouette, toujours un peu décalée. A la fois dans l’action et à distance de celle-ci, l’observant dans un demi-sourire. Un style très personnel, totalement mis au service de ses rôles. Rare.

Mariage en blanc, de Roberto Cavosi, mise en scène de Pierre Santini, festival de Spa, Atelier Théâtre Jean Vilar. Tokyo Notes, de Oriza Hirata, mise en scène de Xavier Lukomski, théâtre les Tanneurs Reprise au Théâtre les Tanneurs, du 21 octobre au 1er novembre 2008

Fabrice Murgia

/photos/Fabrice_Murgia.jpgVoici un comédien tous terrains, issu du Conservatoire de Liège (2006), formé par Françoise Bloch, Anne-Marie Loop et Olivier Gourmet. Il passe d'Anathème de Jacques Delcuvellerie (à Odette Toutlemonde d'Eric-Emmanuel Schmitt et s'impose dans la série télévisée Melting Pot Café… Fabrice Murgia est un déjà un as du jeu, interprète charismatique et généreux. Sur scène, on le découvre entre von Mayenburg (Visage de feu) et Charlie Degotte (Dju!), de la famille «trash» à l'humour absurde. Détonnant. Dans le premier, il est l'amoureux Paul, un second rôle ; dans le deuxième, il est incrusté et, dans un jeu collectif, et, dans un canapé étroit! Pas de premier rôle donc. Et pourtant, Fabrice Murgia réussit d'emblée à imprégner l'espace/jeu de sa présence, à donner du relief à des personnages «périphériques«… Impressionnant jeune comédien qui cette saison poursuit le tout terrain entre Melting Pot Café, Le Barbier de Séville de Delcuvellerie au Théâtre National, Avaler l'océan de Jean-Marie Piemme à la Balsamine et (déjà) sa première création (écriture et mise en scène) avec Le chagrin des Orgres. au Festival de Liège 2009… Du beau monde, de beaux lieux. Un signe? Entretemps, méfiez-vous, Fabrice Murgia, s'amuse à brouiller les pistes et annonce son improbable 1ère chorégraphie: «The flashbacks of the sleeping dogs are all along the postmen way »… Un programme à lui tout seul! A suivre de très près ce Fabrice Murgia, fort en scène de 25 ans. N.A.

Visage de feu de Marius von Mayenburg, mise en scène de Sofia Betz, Théâtre des Tanneurs. Dju de Charlie Degotte, à Wolubilis, au Théâtre de Namur, en Wallonie.

elu

Clément Thirion

/photos/Clement_Thirion.jpgIl voulait être volcanologue. Finalement, ce sont les feux de la rampe qu’il affronte et explore. A l’heure du choix des études, c’est d’abord la carrière scientifique qui attire ce cartésien. Mais l’appel du théâtre sera plus fort. Entré au Conservatoire de Mons, Clément y fait des rencontres décisives : Véronique Dumont, Michael Delaunoy, ou encore Jean-françois Politzer. Mais ce sont Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux qui propulsent le jeune comédien en lui proposant un rôle dans leur Saison One, feuilleton théâtral au Théâtre de la Toison d’Or. Ses professeurs ne se sont pas trompés: ce rôle lui vaut une nomination aux Prix de la Critique 2006 comme meilleur espoir masculin. Premier rôle et déjà, une personnalité s’impose, celle d’un jeune homme candide et sensible. Une image dont il joue à mesure que d’autres metteurs en scène poussent cette naïveté en avant. Un trait de caractère qui deviendra le fil rouge de ses incarnations. Après avoir interprété le comédien débutant et émerveillé dans Saison One, l’acteur décroche le rôle principal dans Homme pour Homme de Brecht au Théâtre de la Vie : Galy Gay, paysan crédule transformé en soldat. La tendance se poursuit quand la metteuse en scène Isabelle Jonniaux le choisit pour un autre rôle plein de candeur, celui de Tyltyl dans L’Oiseau Bleu de Maeterlinck, cet enfant parti à la recherche d’un oiseau sensé révéler le grand secret des choses et du bonheur. Plus que son aura naïve, c’est toute la conviction qu’il met dans son regard et son jeu qui crée Tyltyl et l’imaginaire de Maeterlinck. C’est sûr, un talent comme ça, c’est comme l’Etna, ça restera forcément en activité. C.M.

Homme pour Homme de Brecht, mise en scène d'Herbert Rolland et Claudia Gäbler, Atelier-Théâtre de la Vie. l'Oiseau bleu de Maeterlinck, mise en scène d'Isabelle Jonniaux à l'Atelier 210. Reprise à l'Atelier 210, du 25 au 29 novembre 2008