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Michel Boermans

/photos/Michel_Boermans.jpgLes portes s’ouvrent: une blancheur éblouissante vous frappe la rétine. Deux longues tables ponctuées de verres ont été dressées et des chaises vous y attendent. Une cinquantaine, pas plus ; le cérémonial se déroulera dans l’intimité. Au centre, un lit d’hôpital, blanc lui aussi: monde des médecins et des patients. Dans le fond, un rideau rouge et un micro: l’artifice de la représentation. Cette scénographie séduisante et efficace de Michel Boermans surprend : on ne s’attendait pas à voir une telle clarté illuminer l’univers angoissant et morbide de Sarah Kane. 4.48 Psychose est en effet le dernier texte écrit avant son suicide; l’auteur y mène une introspection au cœur de son mal-être, ravive les souvenirs de son séjour en hôpital psychiatrique et de ses relations conflictuelles avec les médecins. Habitée par un prodigieux duo de comédiennes, Véronique Dumont et Catherine Salée, et nimbée de cette ambiance immaculée, la mise en scène d’Isabelle Pousseur nous dévoile sous le désespoir apparent l’énergie vitale, la révolte et la rage d’écrire. Même si l’on ne perd pas de vue que dans certaines cultures, le blanc est la couleur du deuil. Le scénographe Michel Boermans est lié à Isabelle Pousseur par une longue complicité de plateau : ils fondent à Liège en 1982 le Théâtre du Ciel Noir qui se transformera dix ans plus tard en Théâtre Océan Nord à Schaerbeek. Plus d’une fois ils ont réuni leur talent sur la scène et la réussite de 4.48 Psychose tient aussi à cette ancienne connivence. D.M.

4.48 Psychose de Sarah Kane, mise en scène d’Isabelle Pousseur, Théâtre Océan Nord. Reprise au Théâtre Océan Nord du 21 avril au 9 mai 2009.

Christine Flasschoen

/photos/Christine_Flasschoen.jpgScénographe fidèle (Pascal Crochet, Didier De Neck, Luc Fonteyn...), Christine Flasschoen l'est aussi de Xavier Lukomski avec qui elle avait déjà travaillé notamment pour “Crève, tu n'as pas d'âme” ou “La Mouette”. Après la Russie de Harms ou Tchekhov, voici le Japon d'Hirata : “Tokyo notes” fait évoluer vingt personnages dans un hall de musée. Une toile blanche tendue au plafond, quatre bancs vert anis, un panneau d'information, un distributeur de café, un présentoir à brochures, un cendrier. Tout y est – sans pour autant tomber dans le naturalisme – et intègre subtilment l'environnement imagé (la foule en slo-mo vue par Michèle Hubinon, le jardin photographié par Paul Maurer), tout en relevant le défi de la neutralité accueillante. Quitte à prendre à rebours le rapport scène-salle habituel des Tanneurs. Du théâtre, la scénographe utilise virtuellement et visuellement tout l'espace : ouvert sur l'escalier, les portes, la galerie en mezzanine... Les spectateurs, eux, auront pendant quelques instants arpenté le quartier jusqu'à découvrir, dans ce lieu transformé, la géographie subtile des relations humaines. M.B.

Tokyo notes” par le Théâtre des 2 Eaux, mise en scène de Xavier Lukomski, Théâtre Les Tanneurs. Reprise: aux Tanneurs du 21 octobre au 1er novembre 2008.

Vincent Lemaire

/photos/Vincent_Lemaire.jpgIncontournable! C'eût été un crime de lèse-scénographe que son absence dans cette catégorie qu'il a déjà étoilée à plusieurs reprises... Peintre et architecte de l'espace, imaginant des écrins qui moulent les desseins des metteurs en scène, Vincent Lemaire ose les plateaux les plus pentus comme celui de Nuit avec ombres en couleurs pour Frédéric Dussenne, les couleurs inimitables tel ce bleu du Misanthrope pour Philippe Sireuil, qu'il lance sur une longue piste entre deux versants de spectateurs. N'attendez pas de réalisme besogneux chez ce diplômé de la Cambre (1991), né à Bastogne, et encore moins d'espace mangé par des accessoires. Ici une longue table ovale à la nappe blanche, pour vider les abcès de l'hypocrisie, là des trappes qui révèlent des ailleurs fantasmés hors du monde des vivants. Les scénographies de Vincent libèrent l'imagination, la guident sans s'imposer et offrent une résonance étrange aux textes qui lui parlent. Jeux d'illusion ou perspectives tronquées, en suggestion figurative ou en abstraction, il joue des matières, des transparences, des trompe l'oeil. Fidèle à des metteurs en scène qu'il devine mieux que tout autre (Dussenne, Sireuil, Dezoteux...), mais sans exclusive, Vincent Lemaire est aussi devenu ces dernières années, un des artisans recherchés des plateaux d'opéra, notamment avec Vincent Boussard. M.F.

Le misanthrope, mise en scène Philippe Sireuil, Théâtre National. Reprise à Tournai du 3 au 7 février et au Théâtre National du 18 au 22 février. Nuit avec ombres en couleurs, mis en scène Frédéric Dussenne, Théâtre de l'Ancre. Reprise au Rideau de Bruxelles du 6 au 27 février 2009 et au Centre culturel de Dinant, le 3 mars.