Incontournable! C'eût été un crime de lèse-scénographe que son absence dans cette catégorie qu'il a déjà étoilée à plusieurs reprises... Peintre et architecte de l'espace, imaginant des écrins qui moulent les desseins des metteurs en scène, Vincent Lemaire ose les plateaux les plus pentus comme celui de
Nuit avec ombres en couleurs pour Frédéric Dussenne, les couleurs inimitables tel ce bleu du
Misanthrope pour Philippe Sireuil, qu'il lance sur une longue piste entre deux versants de spectateurs. N'attendez pas de réalisme besogneux chez ce diplômé de la Cambre (1991), né à Bastogne, et encore moins d'espace mangé par des accessoires. Ici une longue table ovale à la nappe blanche, pour vider les abcès de l'hypocrisie, là des trappes qui révèlent des ailleurs fantasmés hors du monde des vivants. Les scénographies de Vincent libèrent l'imagination, la guident sans s'imposer et offrent une résonance étrange aux textes qui lui parlent. Jeux d'illusion ou perspectives tronquées, en suggestion figurative ou en abstraction, il joue des matières, des transparences, des trompe l'oeil. Fidèle à des metteurs en scène qu'il devine mieux que tout autre (Dussenne, Sireuil, Dezoteux...), mais sans exclusive, Vincent Lemaire est aussi devenu ces dernières années, un des artisans recherchés des plateaux d'opéra, notamment avec Vincent Boussard. M.F.