Sophie Sénécaut

/web/photos/2015-Sophie_Sénécaut.pngA peine sortie de l’Insas en 2003, Sophie Sénécaut défrayait (brillamment) la chronique avec une inoubliable Ophélie dans le Hamlet athée iconoclaste d’Armel Roussel. Inoubliable parce que parmi les nombreuses «transgressions» à la tradition, on y voyait une jeune black sexy désirée par son père et son frère plus fortement que par Hamlet ! Et branchée rock dans le rôle de la blonde et fade Ophélie. Et le piment Sophie fonctionna tout de suite. Marie Baudet la voyait ainsi: «l’Ophélie de Sophie Sénécaut offre un déchirant condensé d’inquiétude fébrile, de futilité adolescente et de perdition». Depuis lors Sophie cultive ses gammes et fait partie, de la bande à Roussel, comme Yoann Blanc avec qui elle forme un couple hilarant de tuteurs de la jeune Ondine dans Ondine démontée. Dans une délicieuse parodie du «style à l’ancienne», ce couple amorce brillamment l’allumage d’une pièce très référentielle. On a beau fouiller nos archives: Sophie Sénécaut n’a jamais été nominée, à titre individuel, comme meilleure actrice, jeune ou «mûre». Comme si on avait oublié de lui donner un «grand rôle». Ou que, par tempérament, elle ne le cherche pas. Mais cette «aventurière» a été de beaucoup de découvertes, de nouvelles jeunes troupes privilégiant le collectif plutôt que l’individuel. Outre les aventures des Utopia successives, Pop, Ivanov Remix, Fucking boy elle a participé à quelques projets à risque, le groupe Toc de Marie Henri et Anne Thuot (La fontaine aux sacrifices, Moi Michèle Mercier, 52 ans, morte) ou encore Mars de Fritz Zorn adapté par Denis Laujol. Chaque fois on retient sa présence forte, nuancée par un humour ravageur et une capacité (rare) de ne pas se prendre trop au sérieux. Beaucoup d’aplomb mais du genre moqueur, comme le merle moqueur du Temps des cerises. Ch.J.

Ondine démontée d’après Giraudoux, mise en scène d'Armel Roussel, Théâtre Les Tanneurs, en février et mars 2015.

dans Ondine [démontée]
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Stéphanie Van Vyve

/web/photos/2015-Stephanie_Van_Vyve.pngQuand le rideau s'est ouvert sur la belle Stéphanie Van Vyve incarnant son personnage, Rose, en robe transparente ondulant devant une vitrine, les spectateurs étaient bluffés. Mais quand du rôle de prostituée aguerrie et lasse elle s’est soudain glissée dans la peau d'une jeune femme de ménage empotée, drôle et touchante, la comédienne a littéralement impressionné. On a pu admirer cette formidable performance d'actrice dans le spectacle de Pedro Romero Belles de nuit où elle parvient à incarner avec autant d’intensité deux personnages diamétralement opposés au festival de Spa puis au Blocry, à Louvain-la-Neuve. Cette saison, Stéphanie Van Vyve a également endossé et partagé avec d’autres comédiens le rôle de Zénon dans L’œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, mis en scène par Christine Delmotte. Dans ce rôle masculin délicat, elle irradiait par sa justesse et sa sobriété. Si son talent a déjà été salué l’année précédente avec une nomination aux Prix de la Critique, en cette saison, la comédienne confirme son jeu protéiforme, abouti et sensible. (CdM)

Belles de nuit de Pedro Romero, une mise en scène d’Alexis Goslain. Créé au festival de Spa en août 2014, repris au théâtre Blocry à Louvain-la-Neuve en mars 2015. L’œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, adapté et mis en scène par Christine Delmotte, au théâtre de la place des Martyrs en janvier 2015. dans "L'oeuvre au noir", Belles de nuit"

Ariane Rousseau

/web/photos/2015-Ariane_Rousseau.pngS'il devait nous rester une seule image de « Notre peur de n'être », c'est certainement ce plan serré sur le visage au bord des larmes d'Ariane Rousseau. L'instant en suspension concentre une émotion intense et constitue sans doute l'une des plus belles scènes de la saison. « Ce garçon de la rue Gluck aimait jouer avec moi, mais un jour, il m'a dit: 'Je vais vivre en ville', et il le disait en pleurant. » Inattendue dans ce rôle de madre, désespérée de voir son fils s'éloigner, elle entonne ce couplet de Celentano. Une image mais aussi une conviction dans l'interprétation. Pouvait-on encore douter de son talent ? Cette licenciée en criminologie (si si) écume depuis presque 15 ans les scènes en jouant et en chantant. Car ce tiers de la formation « Tibidi » a plusieurs cordes à son arc et semble à l'aise dans bien des registres : le comique surréaliste d'un Charlie Degotte ( Dju  en 2007), la VIP loufoque de Laurence Bibot (Paris brûle-t-elle ? en 2013), ou encore sous la direction de Frédéric Dussenne, de Peggy Thomas ou de Xavier Lukomski. La comédienne a prouvé son envie d'explorer tous les terrains de jeu. N. N.

« Notre peur de n'être », écriture et mise en scène de Fabrice Murgia au Théâtre National. dand "Notre peur d'être"