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Cathy Min Jung

/web/photos/les-bonnes-intentions.png« Vous exigez mon affection, mon amour. Vous avez payé pour ça, de la monnaie sonnante et trébuchante, alors vous voulez au moins de la reconnaissance. » C’est un texte dur, que signe ici Cathy Min Jung. La voix d’une enfant, qui n’avait rien demandé à personne, et s’est retrouvée « adoptée » par une famille qui n’était pas prête à l’aimer, et l’a confinée aux tâches ménagères. La voix d’une enfant, née à Séoul, qui cherche les odeurs familières, celles qui l’ont bercée, et se ferme au reste. La voix d’une jeune femme, ensuite, enfin, qui dénonce avec virulence ces « Bonnes intentions », qui font des parents adoptifs des gens généreux par essence, comme si les familles d’adoption ne pouvaient pas être, elles aussi, dysfonctionnelles, violentes, nuisibles. La comédienne et réalisatrice a elle-même porté son texte à la scène. A.N.

Les bonnes intentions Une production de L’Ancre (Charleroi) en coproduction avec le Théâtre de Poche (Bruxelles) et le Théâtre de la Place (Liège).

pour «Les bonnes intentions»

Serge Demoulin

/web/photos/Serge_Demoulin_2012.pngUn soir, alors qu’il est encore étudiant au Conservatoire de Bruxelles, Serge Demoulin se fait traiter de « boche » quand il précise qu’il est originaire de Malmedy. Retourné, le jeune homme rentre chez lui, mais n’obtient que peu de réponses de la part de ses parents, muets sur le sujet de la Seconde Guerre mondiale. Des années plus tard cependant, il n’a pas oublié et choisit d’en savoir plus sur ce tabou qu’est l’annexion par l’Allemagne des cantons de l’Est. Il recueille des témoignages, interroge un historien, écoute. Du matériau recueilli, il fait « Le carnaval des ombres ». Un texte fort, poignant, drôle et tragique à la fois. Un texte qui parle « de chez nous », de notre histoire, mais aussi de l’humain en général. Avec humour et authenticité. Serge Demoulin a hésité à écrire ce texte lui-même. Il a bien fait de le faire. A.N.

Le carnaval des ombres, une production du Rideau de Bruxelles en coréalisation avec le Festival Paroles d'Hommes et l'AMAPAC (Malmedy) et en partenariat avec l'Atelier 210. Tournée jusqu’en avril en Fédération Wallonie-Bruxelles.

pour «Le carnaval des ombres».

Virginie Thirion

/web/photos/Virginie_Thirion.pngEtrange expérience que cet « Iceberg qui cache la forêt » de Virginie Thirion, qui vous donne agréablement la berlue. L’auteure et metteuse en scène nous trouble divinement la vue et l’oreille avec une pièce aux strates infinies. On connaissait l’écriture singulière de Virginie Thirion, depuis l’intimiste « Rentrez vos poules » notamment. Un style unique confirmé ici avec talent, au fil d’une histoire qui pourrait être terriblement banale mais qu’un humour improbable, des détours sautillants et un mille-feuille d’angles de vues rendent hypnotisant. A tous ces compartiments s’ajoute un délicat dédoublement chorégraphique qui achève de diffracter la lumière et de balader notre perception dans tous les sens. Rien de glamour pourtant dans le démarrage de cette histoire d’amour : Lui, caissier dans un supermarché, surprend un sourire distrait sur le visage d’une jeune fille dans la file, ce qui provoque d’irrépressibles réactions physiologiques. Effet papillon : il finit par perdre son travail mais s’amourache de la jolie jeune fille. Née sous le signe du malentendu, leur relation se nourrit, à vue, d’illusions, de fantasmes et de non-dits. Tout un monde de faux-semblants que la chorégraphe Nadine Ganase traduit en parallèle. Comme un miroir face aux deux comédiens empêtrés dans leurs petites tempêtes quotidiennes, deux danseurs poursuivent leurs états d’âmes avec le corps, prolongement dansé ce qui ne peut être dit par les mots. On aime ces perspectives multidimensionnelles, mais on aime aussi surtout le texte de Virginie Thirion, joueur, cocasse, imprévisible. On oscille entre l’anecdote - kidnapping de caniche, photocopies coquines qui finissent dans les mauvaises mains – et la critique en filigrane d’une société obnubilée par le travail. Indescriptible tant il s’éparpille (savamment), « L’iceberg qui cache la forêt » est à la hauteur de son titre : tout s’y dérobe constamment dans un kaléidoscope ludique et savoureux. C.M.

L’Iceberg qui cache la forêt, créé au Théâtre Varia. Une coproduction du Collectif Travaux Publics, de Opening Nights Productions, du Théâtre Varia et de Charleroi Danses.

pour «L'iceberg qui cache la forêt».