La pièce d’Angèle Baux-Godard a beau creuser une histoire très personnelle autour de son combat pour guérir du vaginisme, pathologie psychophysiologique provoquant une contraction réflexe et involontaire des muscles du plancher pelvien rendant impossible toute pénétration au risque de provoquer de vives douleurs, elle tisse finalement un récit à portée universelle sur la résilience, l’introspection, le chemin vers une réconciliation avec soi et avec les autres.
En retraçant son parcours d’enfant blessée, d’adolescente désorientée, et de jeune femme privée de jouissance, Angèle Baux-Godard n’hésite pas à détailler les dysfonctionnements de son périnée ou les exercices pratiques de kiné pelvienne qu’elle a dû endurer. Pourtant, la pièce ne sombre jamais dans un voyeurisme vulgaire ou une impudeur brutale mais transforme cette matière autobiographique en confession troublante doublée d’un road-trip fantasmagorique.
A ses côtés, sur le chemin de la reconstruction, on croise une panthère mythologique, une mer consolatrice, des réminiscences elliptiques et des amoureux plus ou moins compréhensifs. Etudes avortées en Hypokhâgne, antidépresseurs, résurgence du souvenir - pourtant scrupuleusement enfoui - d’un viol, expériences sexuelles ratées, découverte des thérapies par EMDR (intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires), incompréhension des parents ou des amies, progrès indicibles : Angèle Baux-Godard nous happe dans son récit, interroge le fait d’être « impénétrable », invente d’autres façons d’aimer, questionne les blessures invisibles. Le tout dans un impressionnant et libérateur abandon.
Mise en scène de Clément Goethals.
Un spectacle de la Cie Fact. Coproduction Rideau de Bruxelles, Théâtre des Martyrs, La Coop asbl. Avec l’aide de la bourse de recherche de l’aide à la création à la Communauté française.
Avec le soutien de Shelterprod, Taxshelter.be, ING et du Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge, Comédie de l’Est CDN de Colmar, Théâtre des Doms Avignon et Le théâtre du Peuple Bussang.
Création au Théâtre des Martyrs.
Pour L’Empreinte du vertige.
Après Reflets d’un banquet , sa première création nommée pour le prix de la critique 2016 dans la catégorie Meilleure découverte, Pauline d’Ollone revient au théâtre de la Balsamine avec Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? , un texte fort et bousculant autour de la thématique de l’aliénation à tout prix. Par le biais d’une écriture percutante, Pauline d’Ollone entremêle trois récits, trois formes d’asservissement inspirés de textes existants et dans lesquels on croise des amoureux fanatiques qui cherchent l’amour sur la toile, un coach en stratégie amoureuse, qui est en fait un gourou de secte, et un apprenti despote qui suit des cours pour devenir dictateur. A travers ce texte, la jeune autrice décrit avec talent et discernement l’addiction sous toutes ses formes, allant des nouvelles technologies qui font qu’on abandonne sa responsabilité par rapport à sa vie, aux illusions de toutes sortes souvent récupérées et utilisées par des gourous politiques. Les diverses stratégies mises en place pour contrôler notre société sont souvent imperceptibles. Pauline d’Olonne les traque, les met en lumière avec ses mots, pour mieux les dénoncer. L’exercice est brillant et implacable. D.C.
Mise en scène de Pauline d’Ollone.
Un spectacle de la Cie Les étrangers. Coproduction La Balsamine, L’Ancre–Théâtre Royal et La Coop asbl. Avec les soutiens du Centre des Arts Scéniques, de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Aide aux projets théâtraux, de Shelterprod, de taxshelter.be, d’ING et du Tax-shelter du gouvernement fédéral belge.
Création à La Balsamine. D.C.
Pour Où suis-je ? Qu’ai-je fait ?
Star des lettres flamandes à partir de la fin des années 80, Tom Lanoye s'est fait connaître dans la partie francophone du pays surtout grâce à la traduction de son roman Sprakeloos, La Langue de ma mère (2012, Éditions de la Différence), réalisée par son fidèle traducteur Alain van Crugten. Poète, chroniqueur et essayiste, le « fils de boucher binoclard » originaire de Saint-Nicolas est aussi auteur pour le théâtre. On lui doit notamment Ten Oorlog, pièce de 12 heures adaptant le cycle sur la guerre des Deux-Roses de Shakespeare, Fort Europa, Mefisto for Ever (d'après Klaus Mann), Atropa, De Russen ! (d'après Tchekhov) et le monologue Gaz, plaidoyer d'une mère damnée.
Après avoir monté son adaptation d'Euripide Mamma Medea, le metteur en scène Christophe Sermet a créé en janvier dernier au Théâtre National la version française (toujours signée Alain van Crugten) de Konigin Lear/ La Reine Lear, où Lanoye transforme le vieux souverain shakespearien en une femme à la tête d'un empire financier contemporain qu'elle partage entre ses trois fils.
E.S.
Mise en scène de Christophe Sermet.
Un spectacle du Théâtre National Wallonie-Bruxelles. Coproduction Compagnie du Vendredi – Cie. Christophe Sermet, Théâtre de Namur, La Coop asbl, Shelter Prod. Avec l’aide de
la Fédération Wallonie-Bruxelles – Direction du Théâtre et du Centre des Arts Scéniques. Avec le soutien de taxshelter.be, ING & tax-shelter du gouvernement fédéral belge, Flanders Literature.
Création au Théâtre National. E.S.
Pour La Reine Lear