Comme dans « L’Enfant Sauvage » ou « Cinglée », Céline Delbecq donne la parole à ceux qui n’en ont pas ou qui l’ont perdue. « Carine Bielen est un numéro de dossier ». En une phrase, elle dessine le personnage de ce monologue au titre énigmatique. A cheval sur le dos des oiseaux convoque le drame de ces femmes et de ces hommes qui vivent dans la précarité et que le système a orientés, dès le plus jeune âge, vers une filière handicapée, décidant à leur place ce à quoi ils ont droit ou pas. Et notamment pour Carine, interprétée avec une grande humanité par Véronique Dumont, le droit à la maternité. Mais ce n’est pas parce que quelqu’un, dans un bureau, a décrété qu’elle ne pouvait pas s’en occuper, qu’elle n’éprouve pas pour son fils un amour entier et infini. Parce qu’avec lui, elle a reçu « le monde entier ». Les mots de Céline sont simples, ils sont justes et touchants. E.R.
Céline Delbecq
Pour À cheval sur le dos des oiseaux
Mise en scène de Céline Delbecq.
Avec Véronique Dumont.
Un spectacle de la Compagnie de la Bête Noire, en coproduction avec le Rideau, La Coop asbl, Théâtre des Ilets/CDN de Montluçon, Centre culturel de Dinant et Centre culturel de Mouscron.
Création au Rideau.
Reprise le 17 octobre 2022 au Théâtre de Namur, les 20 et 21 octobre 2022 au CC des Roches, les 10 et 11 janvier 2023 à la MC Tournai, le 17 janvier 2023 au CC d’Engis, Le 24 janvier 2023 au CC de Dinant,…
Le texte qu'incarne la comédienne Marie Bos est comme un dédale de miroirs dans l'exiguïté d'une cabine d'essayage. Un labyrinthe de mots qui renvoie à Lol, mannequin de prêt-à-porter, les images fragmentées des illusions de la publicité et de l'apparence, du regard des hommes sur son corps-objet et d'une agression traumatique qui refait surface. Avec François Emmanuel, ces images passent par des langues qui ont leur nature et leur sensibilité propre, tissées entre l'intime et le public, le pudique et l'exhibitionniste, le déni et la fragilité. Payée pour disparaître derrière les vêtements qu'elle exhibe, Lol a choisi de se dévoiler pour se retrouver. C'est par le dévoilement de la parole que la jeune femme reconstitue son identité blessée. En affrontant ses failles, elle regagne sa dignité. François Emmanuel réussit une fascinante écriture hybride entre réalité et fantasme, compassion et voyeurisme, violence et don de soi. Et par là, il nous pose la question du pouvoir de transformation de la langue. G.B.
François Emmanuel Pour Dressing Room Mise en scène de Guillemette Laurent. Avec Marie Bos. Un spectacle du Théâtre Varia en coproduction La Coop asbl, Shelter Prod - Artémis Productions. Création au Théâtre Varia.Dans un jardin aux allures de terrain vague, on prépare le retour au bercail de Marie. Il y a là ses frères, Antoine, l’aîné, et Fritz, le gamin, ainsi que Nicolas l’ami de toujours qui lui écrivait de (trop) longs poèmes. C’est lui qui rappelle au jeune Fritz le sens de leur répétition: «Bon, on essaie d’être à un endroit indécidable, entre la blague et le sacré, et on voit si on arrive à toucher quelque chose.» Rien que pour cette phrase, le Collectif Greta Koetz mérite de figurer au panthéon des auteurs. Mêlant références bibliques, cinématographiques, musicales, picturales, la petite bande réussit une nouvelle fois à nous faire rire énormément tout en allant gratter là où ça démange, du côté du mal de vivre et de la mélancolie. Derrière l’apparence foutraque de la scène et de l’histoire, on découvre un récit parfaitement maîtrisé et capable d’évoquer les Monty Pythons autant que la Cerisaie de Tchekhov. Ils osent tout, du scatologique au gore, de la blague sur le crucifix à des harmonies vocales envoûtantes, du rêve merdique au vomi dans un casque de motard, de la musique live à la Vierge saluant comme la Reine Fabiola, de la bonne grosse blague à l’éruption soudaine de l’émotion et du désarroi. Avec, toujours, un texte qui colle tellement à chacun des personnages qu’on le dirait improvisé sur le moment… Ils osent tout et ça fait un bien fou. JM.W.
Création du collectif Greta Koetz.
Mise en scène Thomas Dubot. Jeu Marie Alié, Sami Dubot, Antoine Herbulot, Nicolas Payet, Léa Romagny. Écriture Marie Alié, Sami Dubot, Thomas Dubot, Antoine Herbulot, Nicolas Payet, Léa Romagny. Création musicale Sami Dubot Création lumière et régie générale Nicolas Marty. Création sonore et régie son Florent Arsac. Création costumes Rita Belova. Marionnettes/charognes Alexandre Vignaud. Production Collectif Greta Koetz. Coproduction Théâtre des Tanneurs, Mons-Arts de la scène, Les Halles de Schaerbeek. Administration Jenifer Rodriguez. Diffusion Prémisses Production
Créé du 30 novembre au 11 décembre aux Tanneurs
Reprise : les 5 et 6 juillet à Mars Mons (version extérieure), les 7 et 8 novembre au Théâtre National.