« Les personnages de Walser viennent de la nuit la plus noire,
nuit vénitienne, éclairée par quelques pauvres lampions
d’espoir, une lueur de fête au fond des yeux, mais hagards et
tristes à pleurer ».
Cet hommage de Walter Benjamin à l’œuvre de Walser, résume la réussite d’un spectacle au titre énigmatique,
R.W, pour
Robert Walser, un Suisse pratiquement inconnu chez nous- romancier intimiste, ami de Musil et de Kafka.
Pour ce « premier dialogue »
Pascal Crochet a choisi le thème de la maison, habitée par deux maîtresses de maison et quatre serviteurs. Leurs surgissements successifs et leurs échanges improbables nous plongent dans d’étranges rêves, peuplés de rituels bizarres. Tous les éléments concrets, bottes, table, maison en carton aux parois fragiles, sont utilisés comme objets de fantasme plus que de réalité. Avec une complicité des acteurs qui n’est pas loin des chorégraphies mystérieuses de Joseph Nadj ou du duo Mossoux-Bonté. Pas de narration précise mais des bribes de mots, dans une maison dispersée qui rappelle les errances intimes de l’âme.
Un premier dialogue, suivi, cet automne, d’un deuxième, sur l’errance. Pascal Crochet- formé dans la mouvance de Grotowski, Pierre Vincke (éphémère Laboratoire Dur An ki) et Dario Fo- approfondit avec une superbe équipe d’acteurs son terrain favori, les marges du rêve. CJ
R.W.1er dialogue, présenté au Théâtre Océan Nord, repris, avec un deuxième dialogue auRideau de Bruxelles, jusqu'au 17 octobre.
de Robert Walser, mise en scène de Pascal Crochet