Un Français du nord, à la tête depuis 1986 de Théâtre en scène à Roubaix: un intrus dans dans notre panel de metteurs en scène de bon pédigrée? Nullement. Vincent Goethals foule chaque année nos planches, à Bruxelles et en Wallonie, en coproduction et avec des comédiens de chez nous, des Bernard Sens, Itzik Elbaz, André Bayens, Philippe Vauchel... Et cette saison, il a frappé fort, avec ses mises en scène du
Cocu Magnifique de Crommelynck et d'
Aux hommes de bonne volonté de Caron. Un auteur belge, un québécois et deux écritures hors normes, vertigineuses, deux partitions musicales: Vincent se nourrit de langues gourmandes et volubiles, charnelles et poétiques, qui se travaillent au corps à corps chorégraphié, loin du formalisme comme du naturalisme.
« Je ne peux mettre en scène que des pièces où la dimension tragique des thèmes universels naît de la singularité du langage, des oeuvres qui grattent là où le monde a mal », aussi fouille-t-il les écritures de Daniel Danis, Wajdi Mouwad, Bernard-Marie Koltès, Stanislas Cotton, Fabrice Melquiot, Laurent Gaudé... Ses mises en scène vivent au confluent d'une scénographie charpentée entrechoquant le concert et le métaphorique, d'une appropriation sonore et rythmée de la langue, et plus encore, d'une force émotionnelle irrésistible, soutenue par un étonnant travail du son, de l'image et de la lumière, le tout organiquement imbriqué. Formidable directeur d'acteurs, il ne craint pas les pièces aux rôles multiples, les sagas de longue haleine où l'art de chacun naît dans la choralité. M.F.
Le Cocu magnifique, Fernand Crommelynck, Pathé Palace, puis à Dunkerque, Tours, Louvain- La-Neuve, Quimper. Coproduction du Rideau de Bruxelles, du Centre dramatique de Tour, de l'Avant-Scène/Théâtre de Colombes.
Aux hommes de bonne volonté, Jean-François Caron, Grand Manège à Namur, coproduction du Théâtre de Namur et de Théâtre en Scène. Aux hommes de bonne volonté, Le Cocu magnifique