Où sont les muses ? L'interrogation fondatrice du projet de Daniela Lucà (lauréate du « Venezia Danza Europa 81 » et titulaire alors d'une bourse pour l'école Mudra de Béjart à Bruxelles) touche à l'inspiration autant qu'à l'interprétation. De l'amont à l'aval. Ce questionnement, teinté de fascination, la danseuse a souhaité le soumettre à quatre artistes, deux metteurs en scène et deux chorégraphes, deux hommes et deux femmes, et se livrer au solo qu’ils imagineraient pour elle, la page blanche. Du monologue de la Joconde imaginé – et merveilleusement écrit – par Pietro Pizzuti dans
Come il sorriso che non hai dipinto mai à la « concentration de contrastes » ciselée par Karine Ponties dans
Absentia , du son et du lien sur base de Nora Barnacle, compagne et inspiratrice de James Joyce dans le
Klanglink de Françoise Berlanger à la chorégraphie étoilée par Claudio Bernardo autour de la chanteuse brésilienne Maria Bethânia dans
A hora da Estella, Daniela Lucà se livre avec un très touchant mélange d'humilité, de générosité, de lucidité. Et signe, en ses qualités ici de conceptrice et d'interprète, un spectacle – quatre, même – qui lui appartient pleinement.MB.
Au Théâtre de la Place à Liège.
Photo © Jean-Luc Tangue projet de Daniela Luca