Qui eût cru que le Borinage, ancien pays minier aujourd’hui vallonné de terrils, pouvait atteindre à l’exotisme ? C’est ce que parviennent à convoquer les auteurs d’une pièce touchante, histoire d’une femme, héroïne ordinaire de la cité de l’Héribus. Seule en scène, la comédienne Jamila Drissi s’est inspirée de sa propre mère pour ce conte, ode à toutes les femmes qui ont affronté l’exil et choyé leurs enfants malgré la misère. Pendant plusieurs semaines, elle a déversé ses souvenirs devant Soufian El Boubsi qui en a ensuite extrait un récit loin de tout misérabilisme, déguisant ses personnages en cow-boys, Indiens, stars de western et de hits hollywoodiens. Sauf que la poussière qui burinait Clint Eastwood est devenue de la suie tenace sur le front de pères de famille de la Cité qui chaque jour plongent dans les entrailles de la terre. Et que dans les mines, on ne trouve pas des pépites d’or mais du charbon. Avec une présence envoûtante, ses yeux de braise et sa voix chaude, Jamila Drissi, redevenue une gamine de dix ans, convoque tout un quartier, autrement dit des dizaines de personnages, pour dire la simplicité d’une vie, ses difficultés mais aussi la solidarité.CM.
« L’Insoumise ou Scarlett O’Hara au pied du terril » de Soufian El Boubsi, par Jamila Drissi (Espace Magh) de Soufian El Boubsi, par Jamila Drissi