Dans le parcours des quelque 70 réalisations du metteur en scène Frédéric Dussenne (44 ans, issu du Conservatoire de Bruxelles), son compagnonnage avec l’œuvre de Paul Willems fait figure de relation privilégiée. Lorsque, tout à la fin de sa vie, Claude Etienne, qui avait été son premier professeur, lui confia la mise en scène de
Elle disait dormir pour mourir (Rideau, 1992), le jeune animateur des Ateliers de l’Échange rencontra l’écrivain à plusieurs reprises. «
Il ne faut pas jouer au théâtre mais être la musique… », lui avait notamment écrit Paul Willems.
Après avoir revisité encore
Les Miroirs d’Ostende (Théâtre de Namur, 1998) et proposé le magnifique et composite
Un pays noyé (Rideau, 2005), Frédéric Dussenne a retrouvé l’enchanteur de Missembourg, dix ans après sa mort, pour cette
Nuit avec ombres en couleurs produite par L’Acteur et l’écrit en collaboration avec le Théâtre de l’Ancre. La scénographie de Vincent Lemaire, la musique de Pascal Charpentier, les costumes de Lionel Lesire, les lumières de Renaud Ceulemans, la marionnette conçue par Bernard Clair, l’interprétation habitée d’Alexandre Dewez, Pierre Verplancken, Janie Follet, Pascale Vyvère, Thierry Hellin, Bernard Sens, Julie Leyder, Marion Hutereau et Vincent Hennebicq, tout concourait ici à plonger le spectateur au cœur de l’invention la plus allusive et la plus énigmatique de son auteur. Une rencontre théâtrale majeure autour de l’invisible et de l’indicible, comme une sublime musique au bord du silence. Ph. T.