Natacha Belova

/photos/Natacha_Belova.jpgOn connaissait les costumes de cette artiste autodidacte, née en Russie, formée en histoire et philosophie et qui habille nos scènes depuis plus de dix ans, fidèle au metteur en scène Jean-Michel D'Hoop, au Théâtre de Poche et au théâtre pour enfants du Copeau. On découvre, épaté, la première création de marionnettes de Natacha Belova. Elle met son talent au service de la farce anarchiste de Jodorowski où, dans une école de ventriloques, les pantins détiennent le pouvoir. Natacha Belova a imaginé des marionnettes «crasseuses», en noir et blanc, aux magnifiques gueules expressionnistes à la Otto Dix, boursouflées, exagérées. Les comédiens peuvent s’y faufiler pour un double jeu souvent provocant, parfois obscène. Elle explique sa technique: «Je photographie mes comédiens aux mille grimaces et profils, je transforme les photos en personnages pour ensuite les imprimer sur tissu élastique et les coller sur les pantins.» Un travail de sculpture/transformation sur les comédiens. Sur scène on savoure le résultat. Natacha Belova ajoute désormais une belle corde à son arc, passant des costumes aux masques et marionnettes. Cette saison, elle se charge des costumes de Je m'appelle Rachel Corrie au Poche et des masques pour Le cercle de craie caucasien à L'Atelier 210, tous deux mis en scène par Jasmina Douieb, et au Festival de Spa, elle crée les marionnettes pour Les trois vieilles de Jodorowski, mis en scène par Jean-Michel d'Hoop. N.A.

L'école des ventriloques, de Jodorowski, mise en scène de Jean Michel d'Hoop, Théâtre de la Balsamine, Atelier Théâtre Jean Vilar.

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Renaud Ceulemans

/photos/Renaud_Ceulmans.jpgSa grande silhouette ébouriffée hante depuis plus de 20 ans les scènes de Frédéric Dussenne, de Véronika Mabardi et de quelques autres. Et s'il vit et enseigne aujourd'hui en Suisse, à la tête d'un atelier de création et d'échanges artistiques (« Poisson Pilote »), Renaud Ceulemans n'en abandonne pas moins le théâtre belge qui a vu éclore son talent d'éclairagiste. « Je suis entré comme plasticien aux Ateliers de l'échange, et comme il n'y avait personne à la technique, je m'y suis mis... et de plus en plus intéressé, en parfait autodidacte. Frédéric Dussenne m'a fait confiance pour la lumière ». Ses éclairages, Renaud les construit au fil des répétitions, des discussions, se nourrissant des acteurs et de la scénographie. Il fait des merveilles avec trois fois rien, passe des seuls néons crus et froids du Jour de la colère (Thierry Debroux) à la magie des contre-jours et des nocturnes avec voie lactée de Nuit avec ombres en couleurs (Paul Willems). Lumière organique, en connivence avec le poète, du territoire de la mémoire d'un Willems (superbe Pays noyé) au miroitement en volte-face d'Une saison en enfer (Rimbaud), lumière de peintre (car Renaud en est un aussi) ou d'architecte, qui cerne les contours d'un paysage ou les secrets des êtres, sans effets de pyrotechnie, mais en subtilité révélatrice. M.F.

Nuit avec ombres en couleurs de Paul Willems, mise en scène de Frédéric Dussenne, Théâtre de l'Ancre. Reprise au Théâtre du Rideau de Bruxelles du 6 au 27 février 2009, Maison de la culture de Dinant 3 mars 2009.

Olivier Thomas

/photos/Olivier_Thomas.jpgIl a quelque chose d'un jeune chien fou, Olivier Thomas, avec sa toison bouclée, un peu hirsute, son regard interrogateur, rêveur... Un pied dans le théâtre : il s'y est formé à l'Institut Des Arts de Diffusion, il écrit, il joue, souvent partenaire de Véronique Dumont (Courant d'air, L'un et l'autre...). Un pied dans la musique: une passion découverte à l'IAD, confiée d'abord au saxophone puis à la guitare et aux percussions... et à la voix. Et quelle voix! Il s'invente de spectacle en spectacle une langue qui n'appartient qu'à lui, entre sons, borborygmes, onomatopées, bribes de mots, en solo ou avec son groupe Tomassenko dont Sébastien Boisseau à la contrebasse, Jean-Yves Evrard à la guitare et Olivier Thomas lui-même à la percussion et au chant. Ils étaient tous sur la scène du Gris au Rideau de Bruxelles, du plateau aux coulisses en ombres ou en lumière. Leur musique et leur présence s'articulaient entre les mots du comédien Angelo Bison, prenaient les angles des pensées et élaboraient un contretexte sonore fascinant, un corps à corps de mots et de sons, aux contours de jazz, de musique d'ailleurs. Ils étaient, par figures allusives, les doubles de ce rongeur, de cette part vile, médiocre, lâche, tapie en l'homme, qu'on appelle le Gris dans la pièce de Gaber et Luporini. MF

Le Gris, de Giorgio Gaber et Sandro Luporini, mise en scène de Pietro Pizzuti, création musicale de Sébastien Boisseau, Jean-Yves Evrard et Olivier Thomas, sous la direction d'Olivier Thomas. Rideau de Bruxelles. Reprise au Rideau de Bruxelles du 25 novembre au 12 décembre 2008, à Ath le 18 décembre 2008.