Entre Jasmina Douieb et l’écrivain Wajdi Mouawad, une histoire d’affinités électives s’est tissée au fil du plateau. Rappelez-vous la salle du Zone Urbaine Théâtre transformée en désert de sable pour
Incendies : Wajdi Mouawad nous embarquait dans une brûlante quête familiale sur fond de guerre civile. Sous le regard de Georges Lini, Jasmina Douieb y incarnait une jeune femme d’ici déterminée à retrouver là-bas les traces de son père inconnu.
Forte de ses expériences réussies de metteur en scène (La Princesse Maleine, Cyrano de Bergerac, Bal Trap...),tout en continuant sa carrière de comédienne, Jasmina Douieb créait au printemps dernier
Littoral, volet initial d’une tétralogie dont
Incendies constituait la deuxième partie. Ici encore, Mouawad décline les thèmes qui hantent toute son œuvre : l’exil, la quête des origines et le devoir de mémoire.
Jasmina Douieb réussit à déployer toutes les dimensions de cette épopée touffue et foisonnante où se mêlent le comique et le tragique, le poétique et le trivial, le réel et l’onirique. La simplicité des moyens utilisés n’est jamais ressentie par le spectateur comme manque ou pauvreté. Comédienne de formation, Jasmina Douieb sait que le matériau humain demeure l’essentiel au théâtre et en joue avec finesse ; s’ils parlent, les acteurs créent aussi tout un paysage musical et sonore qui rythme le récit. Le troisième chapitre de la saga n’est encore qu’amorcé; lauréate du Prix Huisman, la jeune femme sera l’assistante de Wajdi Mouawad qui monte à Chambéry au printemps prochain
Ciels, le quatrième épisode de sa tétralogie. Bon vent, Jasmina…