Jean-Benoît Ugeux

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Ce fut une saison riche pour Jean-Benoît Ugeux qui a promené sa moustache et son front plissé aussi bien sur les écrans que sur nos planches. Il est bien évidemment du succès de La Trêve  sur la RTBF qui a passionné les sériephiles pendant cinq semaines. Mais c'est avec un plaisir certain qu'on a pu le voir sur nos scènes. Tout d'abord avec Nevermore, l'adaptation par Nicolas Luçon de La poule d'eau de Witkiewicz. Sans peine, il se glisse dans cet environnement d'une recherche existentielle vide. C'est à la fois tragique et comique. C'est d'ailleurs ce qui se dégage de ce comédien issu de l'école liégeoise qui promène son regard abaissé sur nos scène depuis plus de 15 ans. Pauvre bougre à la télé, il peut aussi se révéler tyrannique -une vraie crapule- dans Tristesses  d'Anne-Cécile Vandalem. Il y interprète le leader de cette petite communauté isolée, touchée par la mort, la détresse sociale et tentée par l'extrême-droite. Dans son chemin de carrirère, Jean-Benoît Ugeux fait fi de bien des frontières. Linguistiques, tout d'abord, en allant à l'entame du nouveau millénaire à Gand fonder le Victoria Theater avec sa metteuse en scène dans  Tristesses,  Disciplinaires, puisque cinéma, photograhie et musique font autant partie de sa vie que le théâtre. Nationales, enfin, en ayant joué à l'étranger sous la direction de Rodrigo Garcia ou encore du Blitz Theater Group. Sa page Wikipedia nous révèle aussi qu' il vit un peu comme un animal, aime Bach, les pizzas et les arbres, sans plus de références nécessaires. N.N.

 

 Nevermore, écriture et mise en scène de Nicolas Luçon d'après Stanislaw Ignacy Witkiewicz, au Théâtre de Liège et au Théâtre de la Balsamine

 Tristesses;  écriture et mise en scène d'Anne-Cécile Vandalem, au Théâtre de Liège, au Théâtre National, au Théâtre de Namur et au Manège.Mons. En tournée les 1er et 2 juillet au Festival au Carré à Mons, du 8 au 14 juillet au Festival d'Avignon et du 26 au 29 octobre au Théâtre de Namur.

dans Tristesses et Nevermore

Itsik Elbaz

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Parmi les espoirs dès 2002 (les Emigrés de Mrozek), et sacré comédien en 2008 (Littoral de Wajdi Mouawad), le revoici parmi les meilleurs de ses pairs dans deux mises en scène de Georges Lini, Un Conte d'hiver et Tristesse Animal noir. Il est shakespearien en diable dans la peau de Léontès, un roi dans la spirale dévastatrice de la jalousie, aussi bouffon que cruel et pitoyable, entre accès de rage - sans cabotinage - et distance désincarnée et dans cette alchimie qui le caractérise, celle qui laisse le sourire et la larme, poindre dans le grotesque, le tragique ou la rage. Immédiatement fascinant quand il apparaît sur un plateau Itsik Elbaz ne tire pourtant jamais la couverture à lui, et c'est particulièrement vrai dans la choralité de Tristesse animal noir, au sein de cette bande de copains en pique-nique dont un incendie va révéler les fractures et les haines. Itsik c'est aussi un corps d'une souplesse dansée, une voix étrange, un peu voilée et pourtant d'une précision aiguë, voix des poètes et des tyrans, des êtres lunaires. Né en Israël, enfant en France, adolescent chez nous, formé à l'IAD (où il enseigne aujourd'hui),Elbaz a fait sien Crommelynck et Maeterlinck, Racine et Sartre, Pessoa, Romain Gary et bien d'autres, fidèle à ses metteurs en scène, dont Elvire Brison, Philippe Sireuil et bien sûr, Georges Lini. M.F.

Un conte d'hiver, d'après Shakespeare, mise en scène Georges Lini, Théâtre du Parc. Un spectacle de la Compagnie Belle de Nuit, en coproduction avec le Théâtre Royal du Parc et l’Atelier Théâtre Jean Vilar. Avec l’aide du Centre des Arts scéniques.

Tristesse Animal noir, d'Anja Hilling, mise en scène de Georges Lini, Théâtre La Public. Création et coproduction de la compagnie Belle de Nuit, du Théâtre Le public et de l'Atelier Théâtre Jean Vilar.

dans Un conte d'hiver, Tristesse Animal Noir

Denis Lavant - Alexandre Trocki

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Imaginez un vieillard frôlant les 90 ans, accroché à sa chaise roulante et assassinant son entourage et ses voisins à coups de critiques décapantes ou de (fausses) promesses d’héritage. Une sorte de «Tatie Danielle» mâle, le Sieur Herrenstein, jouissant de désespérer son entourage, prenant plaisir à torturer son majordome, sur le mode sado-maso, et tyranniser sa gouvernante, organisatrice d’une fête…dont il ne veut pas. Denis Lavant, en Herrenstein, y dresse le portrait ravageur d’un vieux salaud répugnant. Avec, en outre une caricature politique où le fascisme et la démocratie bourgeoise, haïes par l’auteur, le Viennois Thomas Bernhard, en prennent pour leur grade.

Dans cette farce politique la mise en scène d’Aurore Fattier repose sur distribution exceptionnelle et surmonte une énorme difficulté : un «monologue accompagné», où Herrenstein/Lavant est un bavard intarissable face à des comparses aux répliques pauvres. Miracle : Lavant est vraiment un «très grand» acteur s’appuyant sur ses comparses pour les mettre en valeur. Toute la troupe est à la hauteur de l’enjeu mais le comparse et souffre-douleur majeur, l’autre clown, c’est Alexandre Trocki, le majordome, qui parvient à exprimer sa haine contenue en trois mots, un visage faussement impassible ou un geste brusque sur ce corps d’infirme/bourreau. Ce duo-là a la force d’un duel Don Juan/Sganarelle où le valet serait… sans voix. D’où cette rare décision du jury : couronner ensemble maître et valet aux talents incroyablement complémentaires. Un duo mémorable. C.J

Elisabeth II de Thomas Bernhard, mise en scène d'Aurore Fattier,

Créé au Théâtre Varia, production : Théâtre de Namur, coproduction : Solarium ASBL, Théâtre Varia, Théâtre de Liège, Manège. Mons.

dans Elisabeth II