Dans
Les Pavés du Parvis, Amélie Lemonnier est d’une virtuosité jamais abusive. En un geste et un quart de seconde, elle saute d'un personnage à l'autre, tout de suite identifiable par un accent, un relâchement d'épaule, une manière de croiser les jambes ou de remettre une mèche avec raffinement. Avec quelques chaises pour seuls accessoires, elle jongle, comme son comparse Pierre Wayburn, avec des dizaines de personnages et c’est tout un quartier, celui de Saint-Gilles, qui prend vie. La performance force l'admiration ! Mais la prouesse commence bien en amont. La jeune comédienne française de 29 ans, issue de l’Ecole Supérieure d’Acteurs de Liège, a entrepris, avec son camarade de scène et son ancien professeur, Philippe Laurent, de sillonner les bars du Parvis de Saint-Gilles à Bruxelles. Ils ont observé, pris des notes, interviewé ou filmé des « personnalités », enregistré des voix, pour en extraire un tableau scénique virevoltant. La pièce voyage entre l'Union et le Verschueren et raconte tout un quartier : le phénomène parallèle de boboïsation et de paupérisation, le portrait, déboussolé, de la deuxième génération de l'immigration, les absurdités de l'administration communale. Pauvres, riches, Français, Belges, étudiants, chômeurs, tous sont inspirés de personnages réels. C.Ma.
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