A peine sortie de l’Insas en 2003, Sophie Sénécaut défrayait (brillamment) la chronique avec une inoubliable Ophélie dans le
Hamlet athée iconoclaste d’Armel Roussel. Inoubliable parce que parmi les nombreuses «transgressions» à la tradition, on y voyait une jeune black sexy désirée par son père et son frère plus fortement que par Hamlet ! Et branchée rock dans le rôle de la blonde et fade Ophélie. Et le piment Sophie fonctionna tout de suite. Marie Baudet la voyait ainsi: «
l’Ophélie de Sophie Sénécaut offre un déchirant condensé d’inquiétude fébrile, de futilité adolescente et de perdition». Depuis lors Sophie cultive ses gammes et fait partie, de la bande à Roussel, comme Yoann Blanc avec qui elle forme un couple hilarant de tuteurs de la jeune Ondine dans
Ondine démontée. Dans une délicieuse parodie du «style à l’ancienne», ce couple amorce brillamment l’allumage d’une pièce très référentielle.
On a beau fouiller nos archives: Sophie Sénécaut n’a jamais été nominée, à titre individuel, comme meilleure actrice, jeune ou «mûre». Comme si on avait oublié de lui donner un «grand rôle». Ou que, par tempérament, elle ne le cherche pas. Mais cette «aventurière» a été de beaucoup de découvertes, de nouvelles jeunes troupes privilégiant le collectif plutôt que l’individuel. Outre les aventures des Utopia successives,
Pop, Ivanov Remix, Fucking boy elle a participé à quelques projets à risque, le groupe Toc de Marie Henri et Anne Thuot (
La fontaine aux sacrifices,
Moi Michèle Mercier, 52 ans, morte) ou encore
Mars de Fritz Zorn adapté par Denis Laujol. Chaque fois on retient sa présence forte, nuancée par un humour ravageur et une capacité (rare) de ne pas se prendre trop au sérieux. Beaucoup d’aplomb mais du genre moqueur, comme le merle moqueur du
Temps des cerises. Ch.J.
dans Ondine [démontée]