Notre jury l’avait repérée très tôt, Marie Lecomte, à peine sortie de l’Insas, en 2001, et déjà nominée «meilleur espoir féminin», dans
Personne ne voit la vidéo de Martin Crimp, mis en scène par Marcel Delval. Mais cette Française, partie d’Amiens, passée par Paris et atterrissant à Bruxelles, a multiplié stages et formations : mime, bouffon, acteur gestuel et, avant l’Insas, une licence d’Etudes Théâtrales à la Sorbonne. Passant du théâtre au cinéma, elle doit son plus beau rôle au metteur en scène flamand Wayn Traub, qui lui donne la vedette dans
Maria Dolores, prix spécial du festival du film de Gand 2004. Entre la France et la Belgique son cœur se ballade avec des metteurs en scène comme Isabelle Pousseur, Vincent Goethaels, Armel Roussel, Virginie Thirion, Françoise Delrue, ou Wayn Traub, encore, dans
Jean Baptiste, diffusé en Belgique et en France.
Mais cette année, Philippe Sireuil lui a fait un cadeau royal, en lui offrant Célimène, dans
Le Misanthrope, avec un parti-pris de mise en scène qui fait la part belle aux adversaires d’Alceste, petits marquis bouffons et… Célimène. Marie Lecomte y éclate de charme et de séduction, avec un rôle de coquette ravageuse, beaucoup plus sympathique qu’Alceste, sombre, colérique, moralisateur. La ressemblance, voulue, avec la Jeanne Moreau de
Jules et Jim, de François Truffaut, projeté sur écran télé, nous rappelle que ce
Misanthrope et sa coquette volage nous sont très proches. C.J.