Yoann Blanc

/photos/Yoann_Blanc.jpgLa qualité première de Yoann Blanc, c’est de se fondre dans une équipe comme un musicien dans un orchestre, assurant sa partition avec une solidité à toute épreuve. Jamais il ne tire son épingle du jeu, jamais il ne cherche à briller aux dépens des autres. Et pourtant, sans lui, le spectacle manquerait de sel, tant il sait ajouter un léger décalage, à une partition bien balisée. Prenez Anticlimax, de Werner Schwab, accueilli aux Tanneurs, dans le cadre de «premiers projets» avec une jeune metteuse en scène, Selma Alaoui. Il y joue pas moins de trois rôles de composition:un médecin, un policier et un curé. A première vue, pas de quoi briller: des «lieux communs»!. Les jeunes acteurs ont les premiers rôles, lui les «utilités». D’autant plus étonnant d’être efficace dans l’apparente banalité mais pour Yoann Blanc, le moindre petit rôle a sa musique, qu’il sert à la perfection. Mais s’il en tient un grand, comme l’affreux gouverneur opportuniste dans Le Revizor de Gogol, alors Yoann ne rate pas sa chance et atteint au grand art. Michel Dezoteux, dans Le Revizor, a tout misé sur le rythme effréné, la caricature. Sans le moindre tic d’acteur, Yoann rend son rôle jubilatoire à petites touches subtiles. Sa différence à lui c’est de servir la partition de l’auteur… ou du metteur en scène avec une parfaite maîtrise de l’ensemble et un léger décalage qui préserve son originalité. C.J.

Le Revizor de Nicolas Gogol, mise en scène de Michel Dezoteux, le Manège, Mons, Théâtre Varia, La Passerelle à Saint-Brieuc. Reprise en novembre au Varia (4 au 15), au Théâtre de la Place à Liège (25 au 29), au Palais des Beaux Arts à Charleroi (20 et 21) Anticlimax de Werner Schwab, Théâtre des Tanneurs. Reprise au Théâtre Le Moderne à Liège du 16 au 25 octobre 2008.

Jaoued Deggouj

/photos/Jaoued_Deggouj.jpgAvec sa voix éraillée et son physique d’Arlequin, Jaoued Deggouj semblait voué d’emblée à un seul type d’emploi au théâtre. En vingt ans de carrière de comédien, il a pourtant su prouver la diversité grandissante de sa palette, mouvement qui culmine sans conteste avec sa prise de rôle dans Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, dans la mise en scène de Daniel Scahaise. Bouleversant père d’une famille de spectres endeuillés, le comédien y conférait présence et mystère, évidence et ambiguïté, à l’imaginaire complexe de Pirandello. Jaoued Deggouj (50 ans, issu de l'INSAS) est un des membres fondateurs de la coopérative d’acteurs Théâtre en Liberté, fondée en 1992. Et il a participé à la plupart des réalisations de cette troupe. Mais, au fil d’une soixantaine de rôles, il a aussi joué sous la direction d’Adrian Brine au Rideau de Bruxelles, de Richard Lewis et de Roland Mahauden au Poche, de Philippe van Kessel au Théâtre national, de Raymond Avenière et de Roumen Tchakarov au Parc, de Jean-Michel d’Hoop avec la Compagnie Point Zéro, de Christine Delmotte avec Biloxi 48, etc. Au cinéma, il vient de se produire dans L’autre moitié, réalisation belgo-helvétique de Rolando Colla, aux côtés de Roberto Bestazzoni, Rachid Benbouchta et Nade Dieu, notamment. Ph.T.

Six personnages en quête d'auteur, de Pirandello, mise en scène de Daniel Scahaise, Théâtre de la Place des Martyrs. Sur les traces de Siddhârta, Christine Delmotte et Paul Emond, mise en scène Christine Delmotte, Théâtre de la Place des Martyrs.

elu

Itsik Elbaz

/photos/Itsik_Elbaz.jpgDiable de comédien que cette haute silhouette presque dansante, qui saute d'un théâtre, d'un style à l'autre! En décembre, il se coulait dans la combinaison de Spiderman, façon anti-héros paumé à la Thomas Gunzig : de l'humour fou traversé de strates de désespoir. En mars, dans Méphisto for ever, il enchaînait magistralement le rôle d'un modeste acteur fasciste à celui d'un ministre de la propagande nazi, sous la conduite scénique d'Elvire Brison dont il est un des comédiens fétiches depuis plusieurs années. Et ce n'est pas fini, en juin, il retrouvait une autre comparse de la rampe, avec qui il a déjà fait pas mal de formidables coups de théâtre, Jasmina Douieb, pour Littoral : il y incarne Wilfrid, le cadavre de son père sur le dos, en voyage initiatique jusqu'au pays natal. Un tout grand Elbaz, aux angles abrupts d'enfant blessé, capable en une fraction de seconde de vous faire passer du rire aux larmes, offrant aux mots la tonalité si particulière de sa voix, douce et inquiétante, reconnaissable entre toutes. D'une souplesse virtuose, le jeune homme de 32 ans, né à Jérusalem, mais formé à l'Institut des Arts de Diffusion, chez nous, a cette faculté rare de vous révéler d'un regard, d'une inflexion, d'un mouvement, toute l'ambiguïté d'un rôle. Vous n'avez pas fini d'en entendre parler... M.F.

Contes héroïco-urbains, Thomas Gunzig, mise en scène d'Alexandre Drouet, Théâtre de Poche. Méphisto for ever, Tom Lannoye, mise en scène Elvire Brison, Théâtre de la Place des Martyrs. Littoral, Wajdi Mouawad, mise en scène Jasmina Douieb, Compagnie entre Chiens et loups accueillie au Varia.