Muriel Legrand

/Muriel_Legrand.pngAvec une mère pianiste et un père chanteur lyrique, le destin de Muriel Legrand a démarré sous les meilleurs auspices artistiques. Née à Liège, elle a hanté les couloirs de l’Opéra Royal de Wallonie durant toute son enfance, sur les talons de ses parents. Vers six ans, elle commence le solfège, avant d’étudier le piano et le violoncelle, puis la danse plus tard. Elle entre au Conservatoire à 14 ans mais la rigueur et la solitude de l’étude du piano l’étouffent peu à peu et elle lâche tout pour devenir comédienne. La voilà bientôt au Conservatoire de Liège, sous la houlette de Michael Delaunoy, qu’elle suivra ensuite, en compagnie de ses camarades, au Conservatoire de Mons. C’est là qu’elle fait une autre rencontre déterminante, celle de Frédéric Dussenne, qui craque complètement pour cette comédienne chanteuse et l’engage régulièrement, notamment dans « Bête de Style ». Avec sa voix cristalline, elle y porte la poésie de Pasolini, entrecoupée de chants engagés, éclairs de résistance chantés a cappella. Passionnée de polyphonie, Muriel Legrand enseigne au Conservatoire de Mons aujourd’hui, dans la section Formation Vocale, et multiplie les concerts avec son groupe a capella Tibidi. Mais la polyphonie chez elle, c’est bien plus qu’une palette de voix et de notes, c’est une philosophie de vie, dirait-on. Elle qui craignait la solitude d’une carrière de pianiste soliste, est aujourd’hui débordée par les amitiés artistiques. Formidable dans « Hêtre » de Céline Delbecq, elle jouera dans Le black, l’arabe et la femme blanche d’après Jean Genet au Rideau la saison prochaine, sous la direction de Dussenne, ainsi que dans L’Opéra du Pauvre de Léo Ferré en tournée en Wallonie. C.M.

Bête de Style mise en scène de Frédéric Dussenne, production du Rideau de Bruxelles à l’Atelier 210. Hêtre au Théâtre du Méridien, reprise à l'Eden à Charleroi, du 31/1 au 3/2/2012. Où les hommes mourraient encore, de Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola, au Théâtre Marni.

pour 'Bête de style', 'Hêtre'
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Anne-Marie Loop

/Anne-Marie_Loop.pngDans I would prefer not to, Anne-Marie Loop incarne une mère alcoolique, droguée et possessive, «dessinée» par Witkiewicz: sa mauvaise foi nous guérit, par le rire, de toute velléité mélancolique. Dans Juste la fin du monde, de Jean-Luc Lagarce, elle parvient à exister, sans emphase, dans ce théâtre de chambre à la langue blanche. On s’aperçoit qu’elle a joué pour tous les metteurs en scène qui ont compté (ou comptent encore) dans cette riche moisson des années 1970. Van Kessel (Karl Valentin,), Pousseur (Le géomètre et le messager), Delcuvellerie (La mère de Brecht et plus récemment une inoubliable Arkadine, dans la Mouette). Sans oublier un nombre incalculable de productions pour enfants avec le Zététique Théâtre ou la Galafronie. Quelle générosité, quel talent, quelle humilité et quelle force de conviction! A 9 ans elle renie Dieu, tranquillement. A 12 ans cette gamine des beaux quartiers de Verviers décide, pour se rapprocher des pauvres, de renoncer aux études «latines» pour suivre des cours de «coupe et couture» dans le bas de la ville! Ce que je suis dit-elle à J.M Wynants, en 1995, c'est tout ce que j'ai rencontré dans ma vie. Dans mon sac à dos, il y a des milliers de regards, de rencontres. Et j'aime bien cette idée que, quand je suis sur scène, j'ai tout ce monde avec moi. Une artiste, une juste, une grande dame, tout simplement. C.J.

I would prefer not to, mise en scène de Selma Alaoui au Théâtre Les Tanneurs (repris en 2012-2013) Juste la fin du monde. Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Philippe Sireuil, au Théâtre des Martyrs.

dans 'I would prefer not to', 'Juste la fin du monde'

Magali Pinglaut

/Soudain_l_été_dernier.pngSoudain l’Eté dernier de Tennessee Williams a pour centre un «fantôme», un poète mort dans des circonstances troubles, avec un seul témoin, sa cousine Catherine (Magali Pinglaut) déclarée folle par le reste de la famille et internée. Un docteur est chargé de la lobotomiser pour effacer définitivement de sa mémoire ces vérités dérangeantes. Sa confession, lyrique, est comme une cantate musicale, que Magali porte avec une ferveur passionnée, bouleversante. Magali Pinglaut, Française, élève de Pierre Laroche, au Conservatoire de Bruxelles, a reçu une reconnaissance rapide par la critique, dès 1999, comme meilleur jeune espoir féminin pour Personne ne m'a prise par la main pour m'emmener là-bas (1999), dévoilant une jeune femme aux prises avec la justice. Depuis lors, elle n’a cessé d’intensifier et de diversifier son talent fait de fragilités dont elle fait des forces. Elle parvient à jouer, comme rongée de l’intérieur, les douleurs les plus intenses, sans pathos dans des textes très souvent contemporains : Minetti (T. Bernhard), Chambres (P. Minyana), Bord de mer (Véronique Olmi). Mais il lui arrive d’apporter de l’humour et de la légèreté dans Forfanteries d’Olivier Coyette ou même dans Les Pensées, de Pascal avec la double complicité de Laurence Vielle et Isabelle Pousseur. Un grand talent naturel, nourri de ses curiosités. C.J.

Soudain l’Eté dernier de Tennessee Williams, créé au Théâtre Le Public en 2010 et repris au Marignan, à Charleroi du 19 au 21 janvier 2012.

dans Soudain l'été dernier