Marie Bos

/photos/2013_Marie_Bos.pngElle aurait voulu être « écrivain puis médecin puis dessinatrice ». Heureusement, ce ne fut pas le cas. Marie Bos est une de nos talentueuses comédiennes, venue de France, formée à l’INSAS, sortie en 1999. Depuis, elle n’a pas arrêté de jouer, avec un panel varié de metteurs en scène : Claude Schmitz, Zouzou Leyens, David Strosberg, François Clarinval, Isabelle Pousseur, Guillemette Laurent, la Cie flamande Marius, le chorégraphe Wim Vandekeybus … et prochainement Anne Thuot et Stephane Arcas. Certes, on retient sa voix de mezzo singulière, reconnaissable dans quelques pubs, propice à des créations radiophoniques. Mais Marie Bos est d’abord une interprète qui fait vibrer avec brio ses personnages. Evident et fluide. Dans Ravissement des sœurs Rullier, elle évolue, époustouflante, sur le fil tendu d’un personnage presque ici, souvent ailleurs. Une jeune femme larguée par son mec, désormais seule avec sa fille. Un jeu sur le conscient et l’inconscient qui envahit l’espace et nous emmène dans une forêt. Marie Bos a l’art de s’infiltrer dans la dimension abstraite de ses personnages, de déambuler dans la métaphore. Et le talent peut faire le grand écart. Dans Mélanie Daniels de Claude Schmitz, Marie Bos déploie une palette d’humour et de tension, plus concrète, donnant du relief à un second rôle, celui d’une « assistante d’un réalisateur en crise face à la comédienne de son film à venir ». A chaque fois, sur le fil d’un autre monde qui s’entrevoit et ne se dévoile pas. En somme, tout le contraire d’une interprétation au premier degré : la richesse d’une palette de jeu. N.A.

Ravissement de Mélanie et Estelle Rullier, mise en scène de Mélanie et Estelle Rullier. Création à la Balsamine. Une coproduction de la Cie Ravage, la Balsamine et L’Ancre.

>Mélanie Daniels de Claude Schmitz, mise en scène de Claude Scmitz. Création à la Balsamine. Une coproduction de Paradise, de la Balsamine et du Kunstenfestivaldesarts.

dans "Ravissement" et "Mélanie Daniels"

Valérie Lemaitre

/photos/2013_Valerie_Lemaitre.pngVibrante d'ambition, Valérie Lemaître avait ourdi la vengeance d’Agrippine envers Britannicus pour terminer victime de son fils Néron sous la baguette de George Lini. La mise en scène la mettait en situation d’instabilité paradoxale –dans un half pipe de skateboard- pour le rôle de cette femme qui s’évertuait à vouloir tout contrôler. La saison dernière, son personnage le perdait plutôt, le contrôle. Dans la torpeur de Rien à signaler, Carole s’essaye à vivre sous le regard de ses voisins. Jeune mère paumée, elle erre dans son existence et survole la vie, mais semble ne pas percevoir les terribles conséquences de son insouciance. Valérie Lemaître n’a pas l’habitude des personnages à moitié plein. La vibration qu’elle insuffle à son personnage donne une certaine grâce à une personnalité en marge qui souhaite simplement vivre sa vie comme elle l’entend. « À fleur de peau » pourrait définir sa prestation, qui nous rappelle aussi son rôle de mère-souffrance dans le Projet HLA de Nicolas Frétel. La comédienne évolue sur nos scènes au fil de personnages riches en fragilités mais aussi en sensibilités. Co-scénariste de « Komma » sorti en salles en 2006, elle donnait aussi la réplique à Arno, un mythomane dupant une névrosée amnésique. Une composition saluée là aussi par la critique. (N.N.)

Rien à signaler, d'après Martin Crimp, mise en scène de Georges Lini. Création au Théâtre de Poche.

dans "Rien à signaler"
elu

Catherine Mestoussis - Magali Pinglaut

/photos/2013_Invisibles_Comedienne.pngOn connaissait leur talent : Catherine Mestoussis, comédienne puissante au registre comique redoutable, mais prête aussi à se glisser dans les interstices les plus subtils du non-dit, Magali Pinglaut, petit bout de femme d’apparence fragile, capable de se transformer en criminelle ou en furie. On les a vues fouler les planches du Théâtre National dans l’Electre d’Isabelle Pousseur. Cette fois, elles investissent à deux l’espace du théâtre Océan Nord, les mots de Florence Aubenas et l’enfer de ces femmes de ménage exploitées qui crient leur révolte. Au départ de ce spectacle : deux comédiennes qui désirent travailler ensemble et se confronter au reportage saisissant de la journaliste Florence Aubenas, Les quais de Ouistreham. Qui mieux qu’Isabelle Pousseur pouvait orchestrer ce duo, elle qui avait déjà réussi une belle alchimie, sous les auspices de Sarah Kane, entre deux autres excellentes comédiennes, Véronique Dumont et Catherine Salée. Portées par les images vidéo de Michel Boermans, les actrices réussissent la gageure de nous rendre visible et tangible l’univers de Ouistreham : l’humiliation et la rage, mais aussi les moments de joie, la solidarité, l’humour même. Elles se partagent la parole, se transforment d’un personnage à l’autre : tantôt une patronne au discours absurdement totalitaire, tantôt l’une ou l’autre femme au travail, en pause ou en route vers un avenir incertain. De même que Florence Aubenas s’était immergée dans ce milieu pour mieux le comprendre, Catherine Mestoussis et Magali Pinglaut s’impliquent à leur tour, corps et âme, dans cette rencontre avec l’autre et son univers.

Les Invisibles d’après Les quais de Ouistreham de Florence Aubenas, mise en scène d’Isabelle Pousseur. Création au Théâtre Océan Nord.

dans "Les invisibles"