Elle aurait voulu être «
écrivain puis médecin puis dessinatrice ». Heureusement, ce ne fut pas le cas. Marie Bos est une de nos talentueuses comédiennes, venue de France, formée à l’INSAS, sortie en 1999. Depuis, elle n’a pas arrêté de jouer, avec un panel varié de metteurs en scène : Claude Schmitz, Zouzou Leyens, David Strosberg, François Clarinval, Isabelle Pousseur, Guillemette Laurent, la Cie flamande Marius, le chorégraphe Wim Vandekeybus … et prochainement Anne Thuot et Stephane Arcas. Certes, on retient sa voix de mezzo singulière, reconnaissable dans quelques pubs, propice à des créations radiophoniques. Mais Marie Bos est d’abord une interprète qui fait vibrer avec brio ses personnages. Evident et fluide. Dans
Ravissement des sœurs Rullier, elle évolue, époustouflante, sur le fil tendu d’un personnage presque ici, souvent ailleurs. Une jeune femme larguée par son mec, désormais seule avec sa fille. Un jeu sur le conscient et l’inconscient qui envahit l’espace et nous emmène dans une forêt. Marie Bos a l’art de s’infiltrer dans la dimension abstraite de ses personnages, de déambuler dans la métaphore. Et le talent peut faire le grand écart. Dans
Mélanie Daniels de Claude Schmitz, Marie Bos déploie une palette d’humour et de tension, plus concrète, donnant du relief à un second rôle, celui d’une «
assistante d’un réalisateur en crise face à la comédienne de son film à venir ». A chaque fois, sur le fil d’un autre monde qui s’entrevoit et ne se dévoile pas. En somme, tout le contraire d’une interprétation au premier degré : la richesse d’une palette de jeu. N.A.
dans "Ravissement" et "Mélanie Daniels"