Dans la petite salle du théâtre des Martyrs, elle accueille les spectateurs en les invitant à s’asseoir sur des chaises alignées contre le mur comme à une assemblée de travailleurs. C’est le début de Lutte des classes, adaptation théâtrale du roman de Ascanio Celestini qu’elle joue et met en scène avec Iacopo Bruno. Elle est Marinella, employée d’un call center romain qui a décidé avec ses camarades de se mettre en grève pour protester contre leurs conditions de travail précaires. Dans ce spectacle participatif où elle raconte plus qu’elle n’interprète, elle dialogue, elle chante et elle harangue avec l’intensité rayonnante de sa jeunesse. Née en 1993, Salomé Crickx a étudié au conservatoire de Mons d’où elle est sortie en 2016. La même année, elle intègre la distribution de Crever d’amour de Axel Cornil elle interprète Ismène, intense et indignée, dans cette variation sur Antigone, transposé dans un pays d’Afrique en proie à la guerre civile. Ensuite, toujours sous la direction de Frédéric Dussenne, on l’a vue dans Les Femmes savantes de Molière incarnant une Henriette, la fille cadette de Trissotin, intuitive et lumineuse. G.B
Mise en scène de Iacopo Bruno et Salomé Crickx.
Coproduction Mars – Mons Arts de la Scène et Théâtre des Martyrs.
Création à Mars – Mons Arts de la Scène.
Reprise du 7 au 20 mai 2020 au Théâtre des Martyrs. G.B.
Dans Lutte des classes, d’Ascanio Celestini.
Quand Sarah Grin débarque à Bruxelles de son Bordeaux natal, c’est pour intégrer à 22 ans l’INSAS avec, sous le bras, une formation musicale et théâtrale entretenue depuis le plus jeune âge. Élève de Dominique Grosjean, Martine Wijckaert et Michel Dezoteux, entre autres, elle sort dilômée de l’école bruxelloise en 2015 et ne tarde pas à collaborer à divers projets : Zone protégée d’Aymeric Trionfo créé aux Tanneurs en 2016, Mouton noir de Clément Thirion en 2018 à l’Atelier théâtre Jean Vilar. Armel Roussel, lui aussi l’un de ses anciens professeurs, l’intègre dans le collectif dynamique d’Eddy Merckx a marché sur la lune, un texte de Jean-Marie Piemme. Mais c’est dans l’audacieuse mise en scène d’Héloïse Jadoul que la jeune comédienne s’est révélée à nos yeux. Dans Partage de Midi, sulfureuse pièce amoureuse de Paul Claudel, elle interprète Ysé, la femme de tous les désirs. Poursuivie par trois hommes, aux trois temporalités différentes (son passé avec son mari, son présent avec son amant et ce qui pourrait être son futur avec l’homme qui lui résiste), elle leur répond de son cynisme, de son désir et de sa passion avec une aisance qui n’est jamais gagnée avec le verbe riche et enflammé de l’auteur français. Une performance bluffante dans une mise en scène qui ne manquait pas de sublimer son casting. Un premier grand rôle pour celle que l’écriture titille également. N.N.
Mise en scène d’Héloïse Jadoul.
Coproduction du Théâtre de la Vie, du Théâtre Océan Nord et de La Coop. Avec le soutien du Théâtre La Balsamine, du Bamp et de la compagnie La Servante. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Création au Théâtre de la Vie. N.N.
Dans Partage de Midi, de Paul Claudel.
Cécile Maidon fait partie de ces nombreux Françai(se)s qui se sont cherché(e)s, en France (dans son cas, Toulouse) puis en Belgique (au Conservatoire de Liège). Repérée par Fabrice Murgia elle participe aux Enfants de Jehovah puis à Ma peur de n’être. Elle pratique le théâtre jeune public, le théâtre de marionnettes, le cinéma et d’intéressantes expériences avec la création d’art marginale comme Les loups de Jean Le Pelletier. Et puis Thibaut Wenger, qui aime les sujets « hard » et « noirs » décide de monter un texte « casse gueule » Penthésilée de Kleist, réputé injouable dès sa création, et s’entoure d’une vingtaine de jeunes acteurs pour la plupart en « première expérience » professionnelle. Mais pour le rôle central, la Reine des Amazones, Penthésilée il choisit une actrice expérimentée mais qui n’a jamais porté de « premier rôle », Cécile Maidon. Un quitte ou double puisqu’il faut « tenir le coup » dans cette pièce excessive du romantisme allemand qui, dans une langue difficile, déborde de personnages désordonnés aux actions contradictoires à commencer par Penthésilée. Reine des Amazones, une peuplade qui refuse les hommes sauf pour la reproduction forcée, gardienne de cette loi, elle a la fantaisie de s’éprendre vraiment d’un héros mythologique, Achille puis de le dévorer pour résoudre ses contradictions. Un rôle pas facile, très physique, avec des affrontements guerriers et verbaux, un chœur de femmes déchaînées et un final anthropophage.
Cécile Maidon y développe un jeu énergique mais pas emphatique, chorégraphie son corps avec un mélange de charme féminin et de force virile et énonce ces folies romantiques du langage avec une rage bien contrôlée. Bref un « premier rôle » convaincant qui devrait lui en offrir d’autres. CJ
Mise en scène de Thibaut Wenger.
Un spectacle de Premiers Actes. Coproduction Théâtre Océan Nord, la Coop asbl. Avec le soutien de la Cocof – Fonds d’acteurs, Shelterprod, Tax Shelter du gouvernement fédéral belge, Centre des Arts scéniques, Spedidam.
Création au Théâtre Océan Nord. Ch.J.
Dans Penthésilée, d’Heinrich von Kleist.