Ferdinand Despy

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On pourrait le qualifier d’acteur « durassien » de l’année ! En effet, hasard ou pas, on a pu voir Ferdinand Despy dans deux spectacles dédiés à cette figure mythique du paysage culturel français. Avec le collectif WhatIf ?, il a été partie prenante - écriture et interprétation - de La traversée du désir. Inspirée par les romans de Duras, cette création originale explorait les traces et les réminiscences de l’expérience amoureuse.

Mais c’est surtout dans un autre hommage à l’autrice que le talent du jeune comédien a marqué les mémoires : Marguerite Duras. La metteuse en scène Isabelle Gyselinx y brosse un portrait sans fards, d’ombres et de lumières, à travers des moments forts de la vie et de l’œuvre. Ferdinand Despy parvient à s’approprier de manière saisissante les personnages qu’il incarne, jusque dans la ressemblance physique. Dans une belle scène de bain, il est l’amant chinois de l’adolescente de 15 ans, élégant et sensuel, baignant dans la fumée de sa cigarette. Plus loin, il se transforme en Yann Andrea, dernier compagnon de Duras, de 38 ans son aîné. Métamorphose stupéfiante : Ferdinand Despy y retrouve les expressions du visage et les intonations du dandy homosexuel fasciné par son amante.

Issu du Conservatoire de Liège en 2016, Ferdinand Despy a aussi été assistant à la mise en scène sur le spectacle J’abandonne une partie de moi que j’adapte aux côtés de Justine Lequette, découverte coup de cœur de la saison dernière. Parions qu’il fait partie de ces jeunes passionnés qui vivent le théâtre de toutes les manières possibles. D.M.

Un spectacle de Paf le chien. Coproduction Théâtre de Liège, DC&J. Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral de Belgique et de Inver Tax Shelter Aides Fédération Wallonie-Bruxelles – Service Théâtre, du Théâtre Océan Nord et de La Chaufferie Acte 1.

Création au Théâtre de Liège. D.M.

Dans Marguerite Duras, d’Isabelle Gyselinx.

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Pierre Gervais

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Une maison qui traverse les années, un lieu qui transcende les millénaires. Et un petit garçon qui surgit, il court sur tout le plateau comme un chien fou, s’arrête il semble jouer à cache-cache. Il est un des fantômes de Ce qui arrive de Coline Struyf, spectacle à la contrainte folle, celle de ne pas bouger son angle de vue et de traverser les siècles, dans le désordre, pour nous raconter l’histoire d’un lieu. Dans cette histoire où les personnages ne font que passer, il fallait pourtant des présences. Pierre Gervais est une de celles-là, apportant jeunesse et fougue à un projet dont le héros est un intérieur. Il joue le cadet, le petit frère. Le retrouve-t-on à d’autres âges ou est-ce un autre ? C’est tout le mystère de la pièce. Ce n’était pas la première fois que l’on croisait l’acteur. Son flow, on l’a apprécié dans Mal de crâne, créé en 2017, spectacle en spoken word de Louise Emö qui faisait rimer Hamelt et Eminem. Ici aussi il fallait déployer une belle énergie et le charisme pour nous emporter dans le désordre des mots. Les mots, le jeune comédien les aime et les manipule à la perfection comme dans cette fiction radiophonique, Barrée de Laurence Vielle, créée au Festival off d’Avignon 2018. Il sait aussi faire parler son corps, en sportif dans l’attente dans Faux départ , comédie chorégraphiée d’Ingrid von Wantoch-Rekowski, vue au Festival XS du Théâtre National. Corps et mots, mots et corps, Pierre Gervais sait jouer des deux, et ce n’est que le début, l’écriture titillant le jeune homme. Promesse en confirmation… N.N.

Un spectacle de Mariedl. Coproduction Mars – Mons Arts de la Scène, Théâtre de Liège, Théâtre Varia, Théâtre de Namur, Atelier Théâtre Jean Vilar, La Coop asbl et Shelter Prod. Avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge, de MoDul ASBL. Avec l’aide de la Fédération Wallonie Bruxelles-Service du théâtre.

Création à Mars - Mons Arts de la Scène. N.N.

Dans Ce qui arrive, de Coline Struyf, d’après le roman graphique Ici de Richard McGuire.

Thomas Mustin

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Les fans de Mustii, le chanteur à la voix sensible, proche de Bowie, révélation de l’année aux D6bels Music Awards, savent-ils que leur idole est un comédien diplômé de l’IAD ? Après ses débuts au théâtre, la télévision et le cinéma ont aussi découvert son talent, et il a reçu cette année le Magritte du meilleur espoir masculin. Le metteur en scène Emmanuel Dekoninck s’est-il souvenu que Thomas Mustin avait déjà campé un personnage shakespearien, Benvolio, l’ami de Roméo, sous la direction d’Yves Beaunesne? Toujours est-il qu’il a eu l’excellente idée de lui confier le rôle-titre de son Hamlet. Un choix d’autant plus judicieux qu’il s’agissait d’un projet hybride, où la musique et la danse étaient intégrées à la narration. Thomas Mustin/Mustii pouvait donc y déployer tous ses talents. Il incarne avec une fraîcheur et une fougue formidables une jeunesse en perte de sens. Rappelé d’urgence à Elseneur suite au décès du roi son père, le prince Hamlet découvre que celui-ci a été assassiné par Claudius qui occupe à présent le trône et a, de plus, épousé sa mère veuve. Comment ne pas se révolter contre un monde où triomphent le crime, le mensonge et le goût morbide du pouvoir ? Où se sont effondrés les repères moraux et les idéaux ? Thomas Mustin habite intensément le plateau de sa présence, de sa voix et de son charisme. D.M.

Mise en scène et adaptation d’Emmanuel Dekoninck.

Un spectacle des Gens de Bonne Compagnie, de l’Atelier Théâtre Jean Vilar et de DC&J Création. Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Direction du Théâtre, de la Marlagne, du Tax Shelter du Gouvernement belge et d’Inver Tax Shelter. Avec le Wolubilis, le Centre culturel de Nivelles et la Maison de la Culture Famenne-Ardenne.

Création à l’Atelier Théâtre Jean Vilar. D.M.

Dans Hamlet, de William Shakespeare.