Titulaire d'un master en interprétation dramatique obtenu à l'Insas en 2016, Tom Adjibi pratique la musique (chant, piano) et s'initie lors de plusieurs cours, stages et ateliers à la danse contemporaine. C'est que le langage, pour lui, n'est pas affaire que de texte et de voix - fût-elle comme la sienne de baryton-basse -, mais bien aussi de corps, de résonance. De présence en somme.
Une large palette à laquelle a fait appel Armel Roussel pour l'inscrire dans le choral et cocasse Eddy Merckx a marché sur la Lune, où Jean-Marie Piemme questionne notamment la capacité de l'individu à se fondre dans la masse ou à s'en détacher.
Le comédien d'ailleurs arpente aussi les plateaux de cinéma (Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne en 2015, Je me tue à le dire de Xavier Seron en 2016, pour ne citer que les longs métrages), côté scènes, il collabore à ses débuts avec Peeping Tom ou Jan Lauwers, se lance dans des créations collectives pluridisciplinaires (avec Mercedes Dassy par exemple, pour Twyxx), bref: ose, essaie, explore.
Dans La Reprise - Histoire(s) du théâtre I, Tom Adjibi se frotte au réel recomposé par Milo Rau. Il y tient le rôle particulier d'Ihsane Jarfi, jeune homme enlevé puis battu à mort à la sortie d'une boîte de nuit, à Liège, en 2012. L'acteur redonne vie à la victime de ce meurtre homophobe avec une justesse rayonnante, une humilité solaire autant que poignante. Et ici encore trouve sa place dans une composition jamais univoque. Où la fiction rembobine les faits, où amateurs et professionnels se mêlent, où le théâtre lui-même est remis en question. M.Ba.
Tom Adjibi dans La Reprise – Histoire(s) du théâtre (I) de Milo Rau (IIPM) ; créé au Théâtre national
Coproduction internationale dont le Kunstenfestivaldesarts, NTGent, Théâtre de Liège
Reprise : du 7 au 14 juillet au Festival d'Avignon
Et dans Eddy Merckx a marché sur la Lune de Jean-Marie Piemme
Mise en scène d’Armel Roussel ([e]utopia [4])
Créé en Belgique au Théâtre Les Tanneurs, Coproduction La Coop
dans La Reprise - Histoires du théâtre(I) et dans Eddy Merckx a marché sur la lune.
Il a la coiffure, le phrasé et la dégaine du jeune intello parisien des années 60, qu’il peut abandonner sans effet de manche pour passer à un des témoins interrogés par les documentaristes ou à un jeune homme bien de notre époque dans la deuxième partie du spectacle. Né à Nantes, Jules Puibaraud y a suivi des études de lettres modernes à l'université, puis une formation en art dramatique au conservatoire. Avec ses camarades de promotion, il joue dans Notre père (Chambre 309) de Delphine Bretesche.
En 2013, il s’inscrit à l’École supérieure d’acteurs de Liège (Esact). En 2016, il endosse plusieurs personnages dans Love and Information de Caryl Churchill, une pièce à facettes mise en scène par Guillaume Doucet avec le Groupe Vertigo. En master, il participe à l’écriture collective de J’abandonne une partie de moi que j’adapte avec Justine Lequette et les trois autres comédiens. Il assure aussi plusieurs lectures pour la radio (RCF Liège), dans les milieux scolaires ou au Festival de Namur. G.B.
Jules Puibaraud comédien dans J’abandonne une partie de moi que j’adapte
de Justine Lequette (Group Nabla), créé au Théâtre national
Reprise : du 6 au 26 juillet à Avignon (Théâtre des Doms) et du 4 au 9 décembre à Bruxelles (Théâtre des Martyrs)
dans J'abandonne une partie de moi que j'adapte.
Démarrage sur les chapeaux de roues pour Félix Vannoorenberghe. A peine sorti de l’IAD, le voilà embarqué par son professeur George Lini pour deux spectacles de la saison. C’est dans December man de la Canadienne Colleen Murphy qu’on le découvre d’abord. Révélation. Il s’investit totalement dans le personnage de Jean, un étudiant qui a échappé au massacre odieux perpétré dans son école. Malgré l’amour de ses parents, petits bourgeois englués dans un quotidien étouffant, l’adolescent se sent coupable d’avoir sauvé sa peau plutôt que celle des autres et succombera finalement à ce qu’on a appelé « le syndrome du survivant ». Le jeune comédien y montre à la fois un riche tempérament et une maîtrise étonnante pour un premier rôle aussi lourd à porter. Au fil du poignant récit à rebours qui nous est conté, il met en lumière avec intelligence et sensibilité la complexité des sentiments qui traversent son personnage : soulagement, rage, culpabilité … On retrouvera l’acteur pour La profondeur des forêts, une pièce de Stanislas Cotton qui nous replonge dans un fait divers monstrueux survenu en Angleterre dans les années 90. Avec cette même intensité, cette même sauvagerie, Félix Vannoorenberghe y incarne un jeune homme qui a purgé huit ans de prison après avoir torturé à mort un enfant, et tente de se reconnecter à la société, de se réconcilier avec lui-même. Comment se reconstruire « après » … tel est finalement, dans les deux pièces, l’enjeu superbement assumé par Félix Vannoorenberghe. D.M
Félix Vannoorenberghe dans December Man de Colleen Murphy. Mise en scène de Georges Lini. Créé au Théâtre de Namur. Reprise aux Tanneurs du 13 au 17 novembre 2018. Et dans La Profondeur des forêts de Stanislas Cotton. Mise en scène de Georges Lini. Créé à l’Atelier 210. Un spectacle de la compagnie Belle de Nuit en coproduction avec l’Atelier 210 et La Coop asbl.
dans December Man et dans La profondeur des forêts.