Myriam Saduis, remarquable adaptatrice d’un inédit d’Ingmar Bergman, «
Histoire d’âme» (Découverte 2009 des Prix de la Critique), nous propose, cette année, une adaptation de chambre de «
La Mouette» de Tchékhov, rebaptisée
«La Nostalgie de l’Avenir», avec au centre le thème freudien du rêve.
Le texte, enrichi d’ajouts de F. Pessoa et P. Roth, se resserre autour de 6 personnages qui vont à l’essentiel, la valse hésitation de Nina, la jeune actrice, prise entre Kostia, alias Treplev, fils d’Irina et l’amant de celle-ci Boris Trigorine. Avec deux thèmes imbriqués : le drame familial autour du suicide de Kostia et la lutte de deux esthétiques, l’ancienne, incarnée par Irina et Trigorine, et la nouvelle, défendue par Kostia, qui tente, ordinateur et images à l’appui, de trouver des formes contemporaines. Avec une belle partition de Jean Luc Plouvier, qui berce la valse hésitation de Nina et une scénographie abstraite d’Anne Buguet qui place au centre un espace rectangulaire, où dire le texte nouveau de Kostia progressivement dissous. Le ressort dramatique, le suicide de Kostia a lieu au début, ce qui donne à la pièce une allure de flash back sur les contradictions familiales et esthétiques qui ont entraîné ce «burn out». Ajoutez de remarquables acteurs, dont le jeune couple, Aline Mahaux, en Nina et Pierre Verplancken en Kostia, à la fois très physiques et intériorisés.
La pièce a fait salle comble à Avignon, au théâtre des Doms, où elle a attiré la foule des déçus de la
Mouette emphatique de Nauzychiel, en Cour d’Honneur. Avec un drame dans le drame, un deuil, à quelques jours du départ vers Avignon : la mort, inexpliquée, d’un acteur, François Demoulin, surmontée par une équipe fragilisée mais soudée. C.J.
pour «La nostalgie de l'avenir»