Amor Mundi

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L’écriture de Myriam Saduis et Valérie Battaglia nous transporte à New York (en 1951) lors d’une soirée pour célébrer la sortie du livre d’Hannah.
L’occasion de réunir connaissances de fraîche date et fidèles amis pour une fête intime qui va faire surgir souvenirs, souffrances et questionnements.
La plupart ont été jetés sur les chemins de l’exil par la guerre 40-45, ils ont fui l’Allemagne et ont emporté à jamais dans leurs cœurs consternation, effroi, douleurs, rêves et déchirures.
Entre la colère contre la guerre et le comportement borné de la gestion des migrants et des apatrides et engagement politique, entre recherche de nouveaux repères et regrets des illusions perdues, le dialogue s’installe, fait d’anecdotes, d’évocations, de révoltes.

Si les mots font, de temps en temps, référence à des textes ou des noms connus de la littérature ou de la philosophie, cela ne frise jamais l’indigestion.
Intelligente et toute en finesse, la mise en scène de Myriam Saduis subjugue par sa subtile diversité.
Étrange et séduisante, la pièce s’apparente à une mosaïque, un tableau fait de petites touches toutes à la fois fortes et délicates (qui nous interpelleront parfois différemment).
Mariant adroitement des visions oniriques, des instants plus déjantés et un certain humour de situation, elle offre au spectateur de généreuses respirations qui allègent le questionnement sans cesse sous-jacent.
Véritable travail d’orfèvre, Amor Mundi est également l’œuvre de toute une équipe : le ciel étoilé de la scénographe Anne Buguet agrémenté des éclairages de Caspar Langhoff, l’écrin sonore créé par Jean-Luc Plouvier et Christophe Guiraud confèrent à l’ensemble une atmosphère mystérieuse et captivante. M.H.

Amor mundi, de Myriam Saduis et Valérie Battaglia, mise en scène de Myriam Saduis, Théâtre Océan Nord, production de Défilé asbl, Théâtre 95, Théâtre Océan Nord. Avec l’aide de la Fédération Wallonie Bruxelles (Service du Théâtre) et Le Centre des Arts Scéniques. Avec le soutien de La Maison de la Culture de Tournai et de La Métive, résidence d’écriture.

 

de Myriam Saduis

Elisabeth II

/photos/2016-Elisabeth2Marianne_Grimont_5.png Herrenstein, richissime marchand d’armes, vieillard aigri et misanthrope, coincé depuis des années dans une chaise roulante, vit littéralement replié sur lui-même, entouré d’une poignée de domestiques qu’autoritaire, voire quasi despotique, il tyrannise sans vergogne.
Derrière son apparence de pépère cacochyme, le fossile croulant a une énergie râleuse incroyable.
Il fulmine, enrage, éructe, invective, crache fiel et vilenies avec un cynisme décapant.
Ses mots sont glaçants, amers et cruels.
Si l’on s’amuse de son désespoir, de ses sorties virulentes, de son art manipulatoire, impossible de ne pas ressentir comme un froid malaise devant de tels propos ou un comportement aussi odieux.

Superbe équilibre entre le comique de situation, le drame de la vieillesse et la satire sociale, Élisabeth II est tout à la fois le résultat du texte incisif de Thomas Bernhard et du magnifique travail de mise en scène d’Aurore Fattier.
Au-delà de la formidable performance d’acteur de Denis Lavant, la pièce se révèle une subtile composition visuelle mélangeant habilement les mimiques, la gestuelle et la vidéo.
Le quasi-monologue devient un petit joyau d’expressivité scénique.
Ainsi, Richard le secrétaire (Alexandre Trocki) et Mme Zallinger la gouvernante (Delphine Bibet), figés dans une impassibilité professionnelle, expriment avec brio leur répulsion, leur haine pour leur patron-bourreau. Jean-Pierre Baudson, Véronique Dumont, Michel Jurowicz, et François Sikivie complètent cette distribution guère bavarde.
Truculentes soubrettes, neveu, banquier, envahisseurs flagorneurs et excentriques, tous, sous la houlette d’Aurore Fattier, sont bien plus que des ‘oreilles’. Ils sont de vrais partenaires avec une solide présence pour mieux mettre encore en relief l’irascible caractère d’Herrenstein, ses contradictions, ses failles et ses peurs. M.H.

Élisabeth II, de Thomas Bernhard, mise en scène d'Aurore Fattier, Créé au Théâtre Varia, Création Solarium asbl, Coproduction dans le cadre du projet 4À4, en coproduction avec le Théâtre Varia, le Théâtre de Namur, le Théâtre de Liège et le manège.mons.

d'Aurore Fattier

Lehman Trilogy

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Le 11 septembre 1844, Henry Lehman, émigré juif allemand, débarque dans le port de New York avec une unique valise. Rejoint par ses frères Emmanuel et Mayer, il fonde en 1850, à Montgomery, Alabama, un magasin de tissu et confection à l'enseigne de Lehman Brothers. L’entreprise prospère et se convertit à plusieurs reprises jusqu’à devenir banque d’affaires. Le 15 septembre 2008, la spirale de la dette et des comptes truqués ont raison de la reine des banques qui fait faillite, entraînant dans son sillage la plupart des Bourses du monde entier. Lorent Wanson a réussi le pari de raconter l’histoire d’un certain capitalisme sous la forme d’une chronique familiale et humaine. Trois comédiens et un pianiste incarnent les narrateurs, protagonistes, complices, témoins ou victimes, de cette histoire presque intime racontée à la troisième personne. Musique, chanson, chorégraphie et implication du public insufflent force et dynamisme à un texte et à un jeu d’acteurs qui ne s’essouffle pas un instant tout au long des trois épisodes (un par semaine ou en enfilade les samedis) que dure la saga. D.B.

 

Lehman Trilogy de Stefano Massini, mise en scène de Lorent Wanson

Avec Angelo Bison, Iacopo Bruno, Pietro Pizzuti et au piano, en alternance, Fabian Fiorini et Alain Franco.

Créé au Rideau de Bruxelles. Une coproduction du Rideau de Bruxelles, du Théâtre Épique et du Théâtre du Sygne.

de Lorent Wanson