Scénographier un spectacle qui traiterait de ce sujet évanescent et ô combien subjectif : la beauté. Un vrai défi. Il fallait pour le relever une personnalité prête à se frotter au théâtre hybride que forge inlassablement Pascal Crochet. Son questionnement – humble et culotté – des canons esthétiques, du champ infini de la perception, de la puissance du subjectif, de la force du doute, a trouvé en Alicia Jeannin une complice à l'oeil affûté.
La jeune femme, très tôt captivée par tous les arts, pratique la musique, le théâtre, les arts plastiques, et opte pour la scénographie. De retour d'un long stage au Brésil, elle intègre l'Ensav/la Cambre, où elle côtoie notamment les metteurs en scène Patrick Bonté et Pascal Crochet, avec lesquels elle travaillera, comme assistante, durant ses études. Une installation sonore et lumineuse remarquée,
Parle avec elle/Hable con ella, marque en 2011 sa sortie de l'école supérieure. Ses projets depuis lors l'ont menée à collaborer avec le bureau d'architectes Escaut et la Cie brésilienne Teatro da Vertigem, et à participer comme scénographe à du théâtre jeune public ou des courts-métrages, notamment.
Outre des costumes hors du temps, Alicia Jeannin signe pour
De la beauté un univers dont les parois sont quadrillées de cases, d'écrins ouverts, de panneaux d'exposition, de niches, au milieu de quoi trône une table qui, d'ordinaire centre du travail et de l'échange du quatuor, pourra devenir plateau de dissection voire catafalque. Un dialogue exemplaire entre le sujet et la forme. M.Ba.