Piccoli sentimenti

/photos/Piccoli_sentimenti.pngIl n’est plus besoin de vous présenter le Tof Théâtre et son fabuleux sculpteur de marionnettes, Alain Moreau, à qui l’on doit notamment le très poétique « Sur la dune » qui achève une tournée plus vaste que le désert de Gobi. Pour « Piccoli Sentimenti », il s’est allié au Teatro delle Briciole pour créer une fantaisie moins onirique mais non moins captivante, qui transforme l’art du bricolage en magie. Du voyage magrittien de « Sur la dune », on passe à un univers plus forestier, dans un décor fait de lit de copeaux et de terreau, de constructions miniatures en bois de noisetier, d’instruments extra-terrestres. Un univers que l’on doit à l’Italien Antonio Catalano du Teatro delle Briciole et au patamusicien Max Vandervorst. Du ventre de cette forêt fantasmée surgit un petit être étrange, mi-homme, mi ver de terre mais 100% clownesque avec son nez rouge, aventurier attachant qui escalade, disparaît, découvre une balançoire, le vent qui souffle, des pierres musicales, et même la marionnettiste qui lui donne vie. Exploration tactile, sonore, et sentimentale qui met les sens des tout-petits en éveil, dans une atmosphère toute douce, sans paroles mais avec une imagination imprévisible, qui va jusqu’à faire naître une étoile filante dans le ciel. Comme souvent avec le Tof Théâtre, il faut se laisser entraîner dans une déambulation poétique, laisser de côté ses repères et accepter d’entrer dans un imaginaire qui n’a besoin que de quelques bouts de bois pour créer une foule de sentiments : surprise, liberté, frustration. Comme le font nos enfants, finalement, capables de créer un monde entier à partir d’une branchette récupérée par terre. LB.

Piccoli Sentimenti, créé à la Montagne Magique. Une production du Tof Théâtre et du Teatro delle Briciole. Reprise au Théâtre de Namur le 27/11, au Théâtre Varia du 28 au 30/11, aux Chiroux du 4 au 7/2, à la Montagne Magique du 18 au 24/2, à la Roseraie les 10 et 11/3, au CDWEJ du 23 au 25/4.

par le «Tof Théâtre».

Carmen

/photos/Carmen_Michel_Boermans.pngSans doute fallait-il au départ l'excellence de Agnès Limbos pour imaginer qu'un jour une certaine «Carmen», inspirée de la célèbre nouvelle de Prosper Mérimée et de l'opéra de George Bizet soit monté en théâtre d'objets. Et pourtant, elles l'ont fait! Elles, à savoir, les Karyatides, compagnie née de la rencontre de Karine Birgé et Félicie Artaud sous la houlette d'Agnès Limbos. Après avoir déjà relevé le défi, avec beaucoup de finesse et de doigté, de monter «Madame Bovary» (carrément!) en théâtre d'objets, voici la jeune compagnie, désormais bien identifiée, qui s'envole pour Séville et y danse le drame amoureux devant la fabrique de tabac où la passion, la haine et la vengeance se sont donné rendez-vous pour l'éternité. Seule en scène derrrière son petit castelet, avec quelques grains de sable, un vague éventail, un don José aux allures de Ken et une poupée en robe de gitane coiffée d'une mantille rouge, Karine Birgé, dans ce sectacle mis en scène par Félicie Artaud sous le regard artistique d'Agnès Limbos, nous emporte là où l'amour, c'est bien connu, est enfant de bohême. Passée maître dans l'art de l'ellipse et de la suggestion, la Compagnie Karyatides raconte aux enfants ces grands classiques vers lesquels ils n'iraient sans doute pas spontanément. Elle sera, cet automne, au Festival Tam Tam de l'île de la Réunion , bien loin des rives mosanes où fut dévoilée la création et à mille lieues du fameux Guadalquivir. De quoi, en tout cas, dévoiler aux enfants du monde entier le véritable drame qui se trame derrière le tube de Bizet. L.B.

Carmen de Karine Birgé d'après Prosper Mérimée et George Bizet, mis en scène par Félicie Artaud, créé aux Rencontres théâtre jeune public à Huy, 2011. Une production de la Compagnie les Karyatides. Les 2 et 5 , 15 et 17/10 au Festival Tam Tam à La Réunion , les 15 et 16/11 à Scène du Bocage à Herve les 10 et 11/1/2013 à La Montagne Magique à Bruxelles , le 26/1/2013 au Centre Culturel de Braine L'Alleud, les 24 et 26 mars au PBA Eden à Charleroi....Tournée en Wallonie

par «Karyatides».
elu

Un petit soldat de plomb

/photos/Un_petit_soldat_de_plomb.pngC’est un sans faute, une mention excellente, une note triple A, bref, le spectacle parfait ! Avec sa recette pour cuisiner « Un petit soldat de plomb », la Cie Arts et Couleurs nous donne aussi les ingrédients d’un spectacle sublime. Première impression de suavité quand on pénètre dans une petite cuisine rustique avec sa grande nappe à carreaux rouges, ses louches généreuses et autres ustensiles engageants, ses plantes aromatiques qui, posées sur les gradins, vous picotent le nez. La cuisinière elle-même respire les bonnes tartes aux pommes avec ses lunettes rondes, ses mains tartinées de farine et son tablier à fleurs. Nous voici conviés à une séance de « Si la cuisine m’était contée ». Au menu aujourd’hui, Un petit soldat de plomb d’après Andersen. Epaulée d’Hubert, l’homme à tout faire, Suzanne va nous apprendre à mitonner une histoire. Prendre deux kilos de plomb, une petite danseuse, quelques jouets pour la garniture et le tour est joué. Sauf que les imprévus vont s’accumuler, entre le four qui fait des siennes et une préparation au plomb qui fait sauter les plombs. Ce qui impressionne le plus, c’est l’inventivité de ce théâtre d’objets qui transforme une plante de basilic en forêt ou quelques bouteilles d’eau surplombées d’entonnoirs en château envoûté. Un tire-bouchon devient hibou, une tabatière fait surgir un troll, du sel convoque la pluie et l’on est complètement harponné par cette histoire d’un soldat estropié d’une jambe et d’une ballerine elle aussi en équilibre. Le tout sur un fil délicat, entre émotion et émulsion, entre émerveillement constant pour les plus jeunes et étonnement des adultes face à des effets spéciaux cuisinés avec tendresse et un sens du détail inouï. Mis en scène par Vincent Raoult, et interprété par Martine Godard et Benoît De Leu, le spectacle vous surprend à chaque minute, grâce à un décor comme ensorcelé. Des théières animées se mettent à chatouiller le cou des spectateurs, la nappe se creuse en une rivière bientôt secouée de vagues gigantesques, le four recrache des spécimens de toutes sortes, et des ombres de requins, poulpes et autres hippocampes dansent sur les murs. Tout comme le soldat de plomb qui finit par fondre avec sa bien-aimée, on se liquéfie de bonheur devant ce festin de bonnes idées. L.B.

Un petit soldat de plomb, créé aux Rencontres Théâtre Jeune Public de Huy. Une production de la compagnie Arts et Couleurs. Reprise à la Maison de la Culture de Famenne du 11 au 14/11, au C.C. de Saint-Ghislain les 16 et 17/11, au C.C. Jacques Franck du 4 au 7/12, à l’Eden les 15 et 16/12, au C.C. de Bertrix les 4 et 5/2.

par «Arts et couleurs».