Le plateau des Tanneurs semble avoir quadruplé d'un coup de baguette magique. La fée qui y a planté une chambre de motel et tous ses environs, du téléphone public à la terrasse, s'appelle Marie Szersnovicz. Elle est diplômée de l'École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg. A travaillé comme accessoiriste à Bollywood et aux côtés de Jan Fabre, mais aussi au Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence, avec notamment Stéphane Braunschweig, Krystian Lupa, William Kentridge, Robert Lepage.
Désormais installée en Belgique, la plasticienne, scénographe et costumière est devenue une fidèle de Transquinquennal, avec qui elle collabore sur «
Blind Date », «
Coalition » (avec Tristero), «
Capital Confiance » (avec le Groupe Toc). L'irruption de l'étrange dans l'hyperréalisme d'«
Habit(u)ation » (Anne-Cécile Vandalem), c'est elle aussi, que par ailleurs captivent la danse contemporaine (elle travaille avec Faustin Linyekula, Cindy Van Acker, Angelin Preljocaj, Liesbeth Gruwez...) et l'architecture (associée à l'agence l'Escaut, elle participe à la conception du Pavillon belge à l'Expo universelle de Saragosse en 2008).
Ingéniosité et transformisme étaient requis pour les décors, accessoires et costumes de «
La Estupidez », spectacle fleuve au rythme étourdissant, où cinq personnes en jouent vingt-cinq, endossant un rôle parfois pour quelques secondes avant de passer au suivant. Marie Szersnovicz ne se contente pas de ces évidentes et indispensables qualités ; sa création – artistique et technique, donc – est de celles que, visuellement, esthétiquement, on n'oublie pas. M.B.