Premier solo de Thi-Mai Nguyen, Etna exprime par le geste et par les mots la réalité des personnes isolées, les exclus de notre société. A 37 ans, Thi-Mai Nguyen est danseuse et chorégraphe. Son parcours l’a amenée à travailler comme interprète auprès de chorégraphes tels que Wim Vandekeybus, James Thierrée ou encore Michèle-Anne de Mey. Dans Etna, elle entre dans la peau d’une femme sans âge, lessivée par la vie. Elle apparait seule au milieu des cartons dans une robe de chambre en lambeaux. Son personnage, proche de la démence, joue avec un ancien magnétophone à cassette. La bande sonore révèle alors les voix du passé, le murmure d’un enfant que l’on berce avant qu’il ne s’endorme. Thi-Mai Nguyen nous plonge dans les méandres de la mémoire. Elle danse l’isolement mais aussi la colère des personnes qui vivent aujourd’hui en marge du monde.
Ce premier solo est né d’une démarche documentaire. Thi-Mai Nguyen est partie à la rencontre des personnes de la rue avec l’intention de réaliser un film documentaire. Le film ne verra jamais le jour mais ce travail de terrain aura servi de moteur à la création d’un spectacle. Sur le plateau, les moments importants d’une vie refont surface. Un simple drap se transforme en robe de mariée. Un œuf de poule, manipulé avec une extrême précaution, évoque la fragilité d’une existence mais aussi la douleur d’un parent lorsque la coquille se brise et qu’il perd un enfant. On connaissait Thi-Mai Nguyen, l’interprète. Avec Etna, c’est la chorégraphe qui vient d’éclore.Fr.C
Etna de et avec Thi-Mai Nguyen. Créé au Théâtre de la Balsamine. Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service de la Danse, Avec le soutien du Théâtre Marni, de la Maison de la Création et d’Ultima Vez.
de Thi-Mai Nguyen.
En entrant dans la petite salle de la Balsamine je ne connaissais rien de Mercedes Dassy hormis qu’elle était une des cinq interprètes, de Ah/Ha, exploration de Lisbeth Gruwez sur le rire considéré comme une "extase du corps". Et je n’avais aucun des "codes" contemporains dont s’inspire la jeune danseuse et chorégraphe : Beyoncé, Death Grips ou Tami Tamaki. Est-ce grave, docteur/doctoresse ? Pas du tout : je me suis laissé embarquer par la force d’un corps très maître(sse) de lui/elle, jouant très bien sur l’essentiel : affirmer ce qu’elle est, une jeunesse qui assume calmement sa double nature, masculine et féminine, force et tendresse (dans quel ordre ?). Et nous propose une sorte d’autoportrait, un selfie dansé de ses états d’âme et de sa réflexion sur la maîtrise de son corps. Elle a déjà une "grammaire" personnelle de ses mouvements, quelle que soit la musique, et maîtrise parfaitement le jeu de la séduction érotique… décalée. Elle oblige donc le spectateur à la voir non comme un "objet" mais un "sujet" qui "offre" des poses et une mise en scène de son imaginaire, sans tomber ni dans la pornographie ni dans la provocation radicale de style Femen.
Et le "message" féministe, me direz-vous ? Il est bien là mais pas comme une démonstration militante. Plutôt comme un état de fait. Mercedes Dassy semble nous dire : « Vous voyez ce corps ? Je l’habite, j’en suis fière, je le maîtrise, techniquement, comme danseuse et performeuse. Et je suis aussi maîtresse des fantasmes qu’il dégage. Il vous fait rêver ? Minute papillon, ne soyez pas dupe. Mon intelligence le dirige, réfléchissons ensemble."
I-Clit est un objet mode, rythmé, qui va au-delà des modes. Et une réflexion féministe incarnée, parfois drôle, souvent émouvante. Un " must ", en somme. Chr. J.
I-clit de Mercedes Dassy, créé à la Balsamine
Reprise à la Balsamine du 20 au 22/3/19
de Mercedes Dassy.
Dans un vestiaire de football, onze hommes débarquent en maillot noir jaune rouge. Sculptés comme des Éphèbes, ils blaguent, se congratulent, de manière très virile sur fond de musique électro et dans des lumières stroboscopiques. Des mâles dans toute leur splendeur et toute leur testostérone : on ne voit que les muscles et la sueur.
Puis tombent les maillots, passage à la douche et là, disparaissent les attributs virils, on cache les sexes, les corps se font plus langoureux. Les danseurs se créent des robes avec le lino fixé au sol, récupèrent le scotch qui le fixait pour s'épiler les jambes, enfilent des (sous) vêtements plus gracieux et le doute s'installe, les genres s'estompent, les frontières s'évaporent.
Les hommes ont disparu, on ne voit plus que des femmes, on ne voit plus que des corps de femmes incarnés par des hommes. Toute la magie du spectacle réside dans cette métamorphose du machiste à la recherche de son côté féminin, même si on n'évite pas quelques clichés.
Le chorégraphe Thierry Smits reprend le principe des onze danseurs qui avait fait le succès de « Anima Ardens » et se tourne vers les « études de genre », ces études des rapports sociaux entre les sexes. Le fossé entre hommes et femmes se réduit, mettant au jour de multiples nuances.
La chorégraphie de Thierry Smits est comme toujours précise et admirablement servie par les onze danseurs impressionnants d'énergie et de ... féminité. D.B.
« WaW » de Thierry Smits (Compagnie Thor), créé au Théâtre Varia. Tournée : au Central (La Louvière) le 12 octobre 2018, au Studio Thor du 13 au 22 mars 2019 et à Charleroi-Danses le 6 avril 2019
de Thierry Smits.