Céline Delbecq

/Céline_Delbecq.pngAprès Le Hibou et ses remous de plaies vivaces, voici Hêtre et sa tragédie familiale. Il fallait raconter. Il fallait aussi dire. Et court-circuiter le temps en mettant en présence deux facettes, deux époques d’un même personnage. L’enfant a ses rêves et son vécu désormais passé. L’adulte a son présent incertain, ses blessures ouvertes, son avenir à construire et donc son histoire à ne pas reproduire. La structure de la pièce sera par conséquent binaire : l’une et l’autre parlent en alternance. Parfois monologue intérieur, parfois soliloque, parfois - par delà lieux et moments – dialogue. Les phrases sont directes. Explicites mais sans se dépouiller de non-dits laissés comme en filigrane. Jamais longues, toujours sans ornementations littéraires artificielles. Même pour le drame essentiel qui est le pivot de l’histoire. Même pour la nécessité, un jour, de quitter l’enfance, douloureusement. Le spectateur devient le confident, le témoin, l’analyste. Il est captif entre une certaine distance prise par le(s) personnage(s) et sa sensibilité qui lui transmet l’émotion brute, la confrontation du désir et de la réalité. Et forcément, cela dérange mais augure bien du devenir d’une auteure née en 1987. M.V

Céline Delbecq, Hêtre, Ed. Lansman, 2010. Création en novembre 2010 au Méridien (Bruxelles)

pour 'Hêtre'
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Régis Duqué

/Régis_Duqué.pngRégis Duqué (1973) a plusieurs vies qui s'alimentent les unes aux autres: faire la classe aux ados, écrire dans Scènes et autres revues, sillonner la capitale pour un décoiffant Bruxelles insolite, souffler sur les braises de la mémoire de Pierre Laroche dans ces riches Conversations d'Arrière-Scène (Editions Hayez & Lansman)... Et ce jeune homme au regard tout en malice, affirme l'une des écritures théâtrales les plus savoureuses qui soient. Humour et parodie jonglent au Xème degré : roman noir de Dans le noir, western de Hors-la-loi , ou encore la pudeur de Modèles vivants. S'y glissent de très humaines interrogations dont la transgression des codes, des lois et des manichéismes n'est pas la moindre. Et signe d'une authentique langue de théâtre au rythme implacable, aux couleurs sonores crues et poétiques, l'écriture de Régis Duqué offre une matière perméable à l'imagination du metteur en scène! L'idée d'une pièce peut naître d'une bribe de conversion et à partir de ce point infime, instinctif, je cherche ce que je vais en faire. Je n'écris pas de façon linéaire, mais en puzzle de scènes qui trouvera sa logique plus tard. Travailler sur des archétypes comme celui du western permet de se débarasser de la question du récit. Reste à nourrir ces figures existantes, à leur injecter ce que j'ai envie de dire, à se concentrer sur la langue, sur son rythme. M.F.

Hors-la-Loi, de Régis Duqué, mise en scène de Jérôme Nayer, Atelier 210, Théâtre des Doms à Avignon, Centre culturel Jacques Franck. Ed. Lansman.

pour 'Hors-la-loi'

Thibaut Nève

/Thibaut_Nève.jpgThibaut Nève voit le jour en 1978, à Etterbeek. Ce licencié en langues et littératures romanes (ULB, 2001), décroche son premier prix d’art dramatique au Conservatoire Royal de Bruxelles en 2003, dans la classe de Bernard Marbaix. Très vite il est remarqué par la profession et participe à différents projets de jeunes compagnies tout en arpentant les scènes de différents théâtres de notre communauté (Galeries, Parc, Martyrs, Jean Vilar…) Il co-fonde avec Othmane Moumen la compagnie Chéri-Chéri avec laquelle il défend un théâtre urbain et contemporain, s’essaie à la mise en scène et, depuis toujours, à l’écriture. Après Tripalium en 2007 qui traitait du rapport au travail, Thibaut Nève s’est lancé dans une trilogie sur la famille. Les deux premiers volets, L’homme du câble et Politicovskaia ont été joués et montés entre 2009 et 2010. Avec Toutes nos mères sont dépressives, Thibaut Nève s’offre une parenthèse avec son complice de toujours le comédien Quentin Marteau. Sur scène et sous le regard bienveillant de la metteur en scène Jessica Gazon, il propose un spectacle à mi-chemin entre vraie vie et fantasme et mêle une nouvelle fois les thèmes qui lui sont chers comme l’impudeur, les passions dévorantes, et la fuite en avant. D.C.

Toutes nos mères sont dépressives, Compagnie Chéri-Chéri, Arrière-Scène. Reprise à Fleurus,Ferme de Martinrou, du 15 au 18/11 ; A Liège, Le Moderne, du 31/1 au 3/2 2012

pour 'Toutes nos mères sont dépressives'