François Emmanuel

/photos/2014.FrancoisEmmanuel_HermanceTriay.pngAu Poème 2, les mois de janvier et février 2014 ont été rythmés par les pièces de François Emmanuel jouées en alternance, « Contribution à la Théorie générale » mise en scène par Julien Roy avec Franck Dacquin et « Joyo ne chante plus », mise en scène par Pascal Crochet, avec Gwen Berrou. Ces deux monologues, l’un discours-conférence, l’autre chant et pleurs, radicalement différents, trahissent pourtant l’immense amour de l’auteur pour la langue. Psychiatre et écrivain, né à Fleurus en 1952, François Emmanuel a notamment signé « Regarde la vague » (Seuil, 2007), « L’Enlacement » (Seuil, 2008), « Jours de tremblement » (Seuil, 2010) ou « Les Murmurantes » (Seuil, 2013). Si l’on connaît ses romans, l’artiste a toujours été passionné par la poésie - « Portement de ma mère » (Stock, 2001) a été mis en scène au Poème 2 - et le théâtre. « Ecrire pour le théâtre est très difficile, il faut inventer une langue » avoue-t-il. Avec les deux monologues, Contribution à la Théorie générale et Joyo ne chante plus, François-Emmanuel est parvenu à créer une langue propre, l'une « un peu folle, qui se lézarde », l'autre « dyslexique, tordue, poétique parce que crue » .CdeM

François Emmanuel, « Contribution à la théorie générale » mise en scène par Julien Roy avec Franck Dacquin et « Joyo ne chante plus », mise en scène par Pascal Crochet, avec Gwen Berrou, au Poème 2.

pour "Joyo ne chante plus", "Contribution à la théorie générale"
elu

Sylvie Landuyt

/photos/2014.SylvieLanduyt_GaelMaleux.pngA une époque où le féminisme est presque devenu un gros mot, se négociant à coup de nudité agressive et de slogans réducteurs, Sylvie Landuyt chausse avec superbe ses talons hauts pour prendre de la hauteur sur l’image de la Femme et en traverser toutes les ambiguïtés, les impasses et les délices. Paradoxe ultime, c’est en partant du mythe de Don Juan, séducteur devant l’éternel, que la pièce rebat les cartes de la condition féminine, le célèbre misogyne se faisant le révélateur du deuxième sexe ! Le premier volet traverse Molière, Tirso de Molina ou Mozart, en filigrane, pour déconstruire les relations amoureuses. Après la révolte, la Femme creuse les chemins qui s’ouvrent à elle dans le deuxième volet. Une fois libérée des clichés, elle devient celle qui parle, celle qui crée, celle qui cherche la vérité. « La femme aussi sera poète », écrivait Rimbaud. Sylvie Landuyt s’y essaie dans un dialogue de toute beauté, entre une mère et sa fille. Cela devient l’histoire d’une petite fille qui invente de nouveaux mots pour recoller les morceaux, qui cherche les images qui vont la dessiner, qui traverse tous les possibles en espérant combler le vide laissé par le naufrage de sa mère, et les atermoiements de la société. « On m’a dit que j’étais une fille, alors j’ai fait la fille. On m’a dit que j’étais jolie, alors j’ai appris à dire merci. » Jouer les guerrières chez Tarantino ou les grandes amoureuses dans Casablanca ? Nafissatou Diallo ou une Femen ? Une femme sans corps ou une bombe de féminité ? Ses dilemmes s’entrechoquent face à une mère cassée par le couple, les enfants, les rêves avortés. Entre la mère, éreintée, et la fille, qui n’a encore rien choisi, tout est possible. C.Ma.

Création du 1er volet au Manège.Mons. Coproduction Rideau de Bruxelles / le Manège.Mons / Bad Ass Cie. Avec l'aide du Centre des Arts scéniques. En partenariat avec le Théâtre Varia où s’est créé le spectacle complet.

pour "Don Juan Addiction / Elle(s)"

Jean-Marie Piemme

/photos/2014.jmpiemme_dominiquehoucmant.pngDe Jean-Marie Piemme (Eve du théâtre en 1990), on sait la plume profuse, impétueuse, volontiers incisive. Rares même sont les saisons sans une pièce sur nos scènes de l'auteur de « Toréadors » , « Neige en décembre », « Café des patriotes », “ »Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis », « Emballez c'est pesé », « Le Badge de Lénine »... « Et J'habitais une petite maison sans grâce, j'aimais le boudin » ? Pas tout à fait. Le Piemme qu'on découvre en décembre 2013 au Petit Varia, c'est le petit garçon qui naît dans le bassin sidérurgique liégeois, en 1944, alors que les bombes font trembler la cité wallonne. C'est un gamin et la modestie de ses origines, la profondeur de ses racines, un jeune homme et ses freins, et ses idéaux, poussé par sa famille ouvrière vers un autre destin. “Nous étions l'aile avancée d'un prolétariat qui rêve de ne plus l'être, mais n'entend pas pour autant s'arracher à ses racines”, écrit Piemme dans « Spoutnik »(Aden, 2008), ouvrage portant en incipit “Autobiographie d'un Européen de langue et de culture française, né en face d'une aciérie”. Cette plongée dans un morceau du siècle dernier, éclairant par bien des points celui-ci, ce récit – avec ses divers acteurs, des parents aux copains de la cour de récré en passant par le Saint-Nicolas du supermarché et la tante qui offrait à goûter à tous les gamins du quartier – est porté par l'adaptation et l'interprétation de Virginie Thirion et Philippe Jeusette, par leur fine sélection dans une dans une matière abondante pour faire théâtre d'une oeuvre qui, quoique celle d'un dramaturge prolixe, n'en était pas : une jeunesse au pays de l'usine. (M.Ba.)

« J'habitais une petite maison... » ,adapté de « Spoutnik » par Virginie Thirion et Philippe Jeusette/ Collectif Travaux Publics, créé au Petit Varia, sera encore joué, notamment, du 2 au 7 décembre à la Cité Miroir de Liège ; le 10 décembre à la Maison de la culture Famenne-Ardenne ; le 12 février 2015 à Wolubilis ; le 24 février au Centre culturel de Dinant ; le 10 mars aux midis du théâtre de Bozar à Bruxelles ; le 13 mars à l'Espace Toots d'Evere)

” pour "J'habitais une petite maison sans grâce, j'aimais le boudin"