Sur le papier, ce “projet documentaire consacré à la Question de la Palestine depuis 1789” semblait bien austère. “
Le pathos, la satire politique et ses exagérations n'aident pas à découvrir des événements qui ont été occultés, qui sont absents des récits habituels”, estime du reste Adeline Rosenstein. Comédienne, clown, metteure en scène, performeuse, de Suisse en Argentine, de Jérusalem à Berlin, en passant par Bruxelles, elle invente, interroge et pratique depuis le début des années 2000 un théâtre documentaire qui ose soulever les questions inconfortables, embrasser les sujets cruciaux. En l'occurrence, la géopolitique du Proche-Orient, les sources de l'interminable conflit israélo-palestinien.
S'aventurant sur ce terrain, Adeline Rosenstein s'oppose à l'usage médiatique des images du conflit, prend le parti d'un spectacle documentaire sans cartes ni photos ni films. Pari osé pour transmission apaisée. Et grise, et tiède, comme elle le revendique, “
parce que c'est un sujet infiniment douloureux et qu'il ne faut pas le ridiculiser avec des coups de sang infertiles”.
Sans iconographie donc mais avec projections (Ledicia Garcia signe espace et lumières), avec aussi des écrits d'historiens et d'analystes, des conseils de linguistes et de politologues, des témoignages d'artistes occidentaux, des extraits d'oeuvres de dramaturges arabes – avec Adeline Rosenstein entourée d'Olindo Bolzan, Léa Drouet, Isabelle Nouzha et Thibaut Wenger –, «
Décris-ravage » est une vraie conférence qui n'oublie jamais qu'elle est du théâtre, offre un point de vue et, non sans humour, une aire ouverte à la curiosité et au doute. (M.Ba.)
mise en scène d'Adeline Rosenstein