Au cinéma, les Frères Dardenne ont rendu son demi-frère, Jérémie, célèbre, pendant que Yannick accroissait sa notoriété grâce à un autre réalisateur belge, Joachim Lafosse, dont il semble être devenu l'acteur fétiche. «
Nue propriété» en 2006, «
Elève libre» en 2008 et maintenant, «
A perdre la raison», une trilogie dramatique sans faute dans laquelle il prouve aussi son talent pour s'imposer face à de fortes figures féminines telles Emilie Dequenne dans «
A perdre la raison». Ou, Claire Bodson, dans «
Mamma Medea» puisque c'est bien l'acteur de théâtre, le Jason, puissant et désinvolte, qui est ici salué. Formé au Conservatoire de Bruxelles, Yannick Renier a très vite joué avec de grands metteurs en scène tels que Wajdi Mouawad, Frédéric Dussenne, Thierry Lefèvre ou Adrian Brine. Cette fois, c'est Christophe Sermet qui le dirige divinement dans un des événements de la saison théâtrale 2011-2012, l'incandescent et contemporain «
Mamma Medea», dans l'adaptation de Tom Lanoye, traduite par Alain van Crugten, du grand drame racinien. D'une élégance à faire pâlir tous les Zoutois, veston beige et poitrail ouvert, dandy à souhait malgré sa barbe fournie, Yannick Renier pétrit son Jason d'arrogance, de nonchalance et de détachement. D'une grande puissance, son jeu s'impose peu à peu et descend dans les tréfonds de l'âme au cours du deuxième acte plus intense. Le face à face tranchant avec Médée trahit alors une insoutenable tension. Entièrement habité par Jason, tout en lui donnant un recul intriguant, Yannick Renier dote le fils d'Eson d'une réelle personnalité et tient le public en haleine. L.B.
pour «Mamma Médéa».