Par cette voix aux multiples tonalités, par toutes les fibres de son corps, sorcière et séductrice, fille, femme et mère, qu'elle hurle ou chuchote... elle est Médée, la Barbare de Colchide, torche de passion, de terreur: Claire Bodson, une authentique tragédienne traversée de failles très humaines. Le texte de Paul Lanoye et la mise en scène de Christophe Sermet ont déroulé le tapis rouge à ce talent hors normes, rompu à toutes les nuances du jeu. Claire pratique le grand écart entre Racine (Oenone dans
«Phèdre», 1997, à l'Eden à Charleroi ) et Feydeau («
Mais n'te promène donc pas toute nue» et
«On purge bébé», au Théâtre Le Public en 2003), tous deux mis en scène par Frédéric Dussenne, l'un de ses maîtres dans la classe de Pierre Laroche au Conservatoire de Bruxelles. Avec lui, on la retrouvera dans
«Maljoyeuse» (Veronica Mabardi, l'Ancre, 2004)),
«Lorsque cinq ans seront passés» (Garcia Lorca, l'Ancre 1996) et dans un autre Feydeau mâtiné d'Offenbach, un hilarant
«Fil à la patte» (Rideau de Bruxelles, 2001). La précision de son phrasé, son abattage joué et chanté lui valent un triomphe... renouvelé dans un tout autre style avec ces inusables
«Mangeuses de chocolat» ourdies par Philippe Blasband, crées en 1996 et rejouées d'année en année. Et cette jeune femme et mère de famille, formée au métier d'institutrice, a aussi caressé l'oeil de la caméra décrochant d'emblée une nomination aux Magrittes pour
«Elève Libre» de Joachim Lafosse : Claire Bodson y partage l'écran avec Yannick Renier, son partenaire dans la vie ...et son Jason dans
«Mamma Medea»!. M.F.
pour «Mamma Médéa»