La nuit juste avant les forêts

/photos/La_nuit_juste_avant_les_forets.pngNous connaissions le comédien Eric Castex. Ce Français diplômé de l’Insas a travaillé sous la houlette des metteurs en scène les plus audacieux de notre scène francophone : Armel Roussel, Michel Dezoteux, … Nous l’avons découvert cette saison du côté de la mise en scène. Il se confrontait au premier texte théâtral de Bernard-Marie Koltès : «La Nuit juste avant les forêts». Le décor : un bar de banlieue pluvieuse. Le héros : un étranger sans travail qui tente en vain de retrouver l’inconnu qu’il a abordé au coin d’une rue, un soir de solitude. A travers ce monologue d’une force inouïe, l’homme raconte son histoire de déraciné perdu au cœur d’une ville hostile, peuplée de prostituées et de loubards racistes. Eric Castex appuie son travail sur un magnifique comédien, Azeddine Benamara, Français d’origine algérienne qui a fait ses classes notamment au Conservatoire de Mons. L’acteur réussit à construire son personnage avec rigueur, sans pour autant en dompter totalement la sauvagerie ; il apprivoise l’écriture de Koltès, entre argot trivial et poésie, sans en étouffer la puissance. Autre choix judicieux du metteur en scène : un accompagnement musical live. Partagé entre guitare électrique et trompette, Dorian Baste rythme cette sombre balade urbaine de ses accords rock et blues. D.M.

La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès mise en scène d‘Eric Castex avec Azeddine Benamara , au Théâtre Varia.

par Azzedine Benamara

Fall into the show

/photos/fall_into_the_show_lise_hoyaux.pngNous l’avions saluée « Meilleur espoir féminin » 2005, on retrouve Gwen Berrou cette année dans son seule en scène, «Fall into the show», un spectacle singulier sur la chute et l’amour.  Sur scène, alliant joliment théâtre et performance, elle passe par un prologue cocasse sur l’art (citant Patrick Bonté!), fait débarquer «Phèdre» de Racine, amène «Les lamentations de Gilgamesh», pose «L’Eloge de l’amour» d’Alain Badiou. Du propos sans y toucher, qui vous caresse, dans une forme allègre, truffée de poésie. Ainsi, une robe lui tombe littéralement dessus qui la fait glisser illico dans «La Belle du Seigneur!» Là, elle parle sur l’amour, couteau en main, égrène toutes sortes de chutes en se cassant la figure à foison, dans un  décor qui suit le mouvement!... Primée du Magritte 2012 pour son rôle dans «Les Géants» de Bouli Lanners, cette talentueuse interprète a réussi avec brio l’écriture de son solo. En y abordant la performance-théâtre,  elle poursuit dans l’étrange « work in progress » de Clément Thirion : «Kakosmos» (as we get atomized). Et n’en finira pas d’étonner. N.A.

Fall into the show de Gwen Berrou (Cie Petite âme). Coproduction du Théâtre de la Vie  et du réseau Open Latitudes (Les Halles, Le manège.mons/Maison Folie,…). Reprise au Théâtre de la Vie du 16 au 26 octobre 2012

par Gwen Berrou
elu

Le carnaval des ombres

/photos/Carnaval_des_ombres.png« Le carnaval des ombres » est une pièce qui tient fort à cœur à Serge Demoulin. Et ça se sent. Ca se voit. Ca se vit. Seul sur les planches, dans une mise en scène colorée de Michael Delaunoy qui lui laisse (volontairement) toute la place pour s’exprimer, le comédien éclate. Il y a le sujet, tragique : l’annexion par l’Allemagne des cantons de l’Est (d’où il est originaire) pendant la seconde Guerre Mondiale. Et le ton, authentique. Le cœur de la pièce bat au carnaval de Malmedy. Serge Demoulin, grimé, presque méconnaissable par moments, règle ses comptes avec ceux qui jugent sans savoir. Explique, nuance, tente de comprendre. Mais sans jamais verser dans le cours d’histoire. Son propos s’amplifie dans les échos de la fête, et mine de rien, bouleverse. Gueule de bois garantie. A.N.

Le carnaval des ombres, une production du Rideau de Bruxelles en coréalisation avec le Festival Paroles d'Hommes et l'AMAPAC (Malmedy) et en partenariat avec l'Atelier 210. Tournée jusqu’en avril en Fédération Wallonie-Bruxelles.

par Serge Demoulin