Stéphanie Van Vyve

/photos/2014.StephanieVanVyve_voyage_YvesKerstius.Si les étudiants ont perdu une professeure de français, le théâtre a gagné, en Stéphanie van Vyve, une personnalité joyeuse et lumineuse. Elle nous a séduits en garce passionnée dans « Un air de famille » (de Jaoui/Bacri) à l' Atelier Théâtre Jean Vilar. Journaliste sous pression dans Chaos (de Mika Myllyaho, mise en scène Jean-Claude Idée, Atelier Théâtre Jean Vilar), elle y rayonne par son expressivité incroyable et sa présence scénique. Jeune femme malade, déterminée à en finir avec la vie dans « Le voyage d'Alice en Suisse » (de Lukas Bärfuss, mise en scène Roland Mahauden, Théâtre de Poche) ou épouse moderne abordant sans tabous la sexualité dans « Je mens, tu mens » (de Susann Heenen Wolff, mise en scène Christine Delmotte, Théâtre des Martyrs), Stéphanie Van Vyve imprime à chacune une présence, une force, une passion vibrante. Si, elle ne le nie pas, cette saison théâtrale a été généreuse avec elle, lui offrant des rôles très différents, dans lesquels elle s'est brillamment fondue, c'est sa sincérité, sa profondeur, associées à une spontanéité radieuse et à une fraîcheur rayonnante que nous voulions souligner par cette nomination. Son interprétation dans le tout récent « Belles de nuit » (de Pedro Romero, mes Alexis Goslain, Festival de Spa) ne nous fera rien regretter tant, une nouvelle fois, elle crée deux personnages vivants, fascinants et attachants. M.H

Le voyage d'Alice en Suisse de Lukas Bärfuss, mise en scène de Roland Mahauden créé au Théâtre de Poche

Je mens, tu mens, de Susann Heenen-Wolff, mise en scène de Christine Delmotte, créé au Théâtre des Martyrs et y repris en novembre

Chaos de Myka Myllyaho, mise en scène de Jean-Claude Idée, créé au Festival de Spa

dans "Le voyage d'Alice en Suisse", "Je mens, tu mens", "Chaos"
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Anne-Pascale Clairembourg

/photos/2014.APClairembourg_DameMaxim_IsabelleDeBe«Quand tu lis les pièces qu’on te propose …il y a certainement des points communs entre le personnage et toi. Mais il y a forcément un travail de recherche, de construction du personnage pour ne pas tomber dans tes facilités». Anne-Pascale Clairembourg, interviewée il y a dix ans à propos de sa sublime Princesse Maleine, de Maeterlinck, déjà nominée à notre palmarès 2005, définissait sa méthode pour rester elle-même en changeant toujours. Force intérieure, intelligence et travail, horreur de la facilité lui permettent de briller dans le tragique comme dans le comique. L’an dernier, sublime «Cassandre» immobile, aux Tanneurs, cette année elle campe Gabrielle la pieuse épouse « coincée »de l’effarant Petypon de la « Dame de Chez Maxim » au Parc. Avec une énergie comique qui fait mouche, elle habite ce personnage «ingrat» aux côtés de son vieux complice du ZUT, Stéphane Fenocchi, son mari odieux et sympathique à la fois. Dans une mise en scène de Myriam Youssef, autre complice de ce moment délicieux du théâtre bruxellois, la Zone Urbaine Théâtre, le ZUT, dans un coin perdu de Molenbeek, la «bande à Lini». Et, hasard de saison, on la retrouve au Poche, dans Orphelins de David Kelly, aux côtés d’Itzyk Elbaz, et mise en scène par Patrice Mincke deux autres complices du ZUT ! Alors, une maffia ? Non une pépinière de talents, à la quarantaine épanouie ! Dans « Orphelins », Anne-Pascale maîtrise avec force, élégance et sobriété les contradictions d’une femme prise entre ses deux tendresses pour un frère meurtrier qu’elle défend rageusement et un mari au bon sens trompeur. Pour une autre nomination à nos prix, en 2007, ma collègue Catherine Makereel écrivait joliment : Avec ses grands yeux, sa peau de porcelaine et sa taille longiligne, on dirait une poupée. Mais attention: surtout ne pas se fier à son visage d’ange! Anne-Pascale Clairembourg joue comme on exorcise ses démons ». Une beauté habitée par ses démons et qui ne tombe jamais dans la facilité. C’est une des clefs de sa durable réussite. C.J

« La Dame de chez Maxim » de Feydeau, mise en scène de Myriam Youssef, créé au Théâtre du Parc « Orphelins » de David Kelly, mise en scène de Patrice Mincke, créé au Théâtre de Poche

dans "Orphelins", "La dame de chez Maxim"

Florence Hebbelynck

/photos/2014.FlorenceHebbelynck_AideMemoire_DR.pngFlorence Hebbelynck est taillée sur mesure pour jouer «la Femme» sous toutes ses facettes, légère, grave, drôle, facétieuse, «vache», rusée : dans les deux pièces où elle a excellé cette année elle est tout ça. Ainsi dans « l’Aide-Mémoire » de Jean-Claude Carrière, un classique des années 70, sur mesure pour de « grandes vedettes » à la Française, elle incarne avec une mauvaise foi redoutable une Don Juane ridiculisant un malheureux Don Juan timoré, dont le fameux catalogue des « Mille Tre » (1003) se résume à un ridicule aide-mémoire de quelques dizaines de conquêtes. La pièce repose sur un rapport de forces permanent et comique, sur le contraste entre un célibataire un rien maniaque et une jeune femme « bordelique » et fière de l’être. Et qui tire sa force de ce désordre…méthodique. La mise en scène de Bruno Emsens, sans en avoir l’air, joue sur le naturel et le tempérament du couple bien cadrés dans un décor intimiste. Belle générosité aussi de Florence Hebbelynck dans la pièce de Caroline Safarian, Les chaussures de Fadi, l’histoire de Fadi et Chloé, issus de cultures différentes, dont la rencontre est totalement improbable. Leur intimité a du mal à naître à cause d’une fracture sociale trop imposante. Là aussi Florence excelle à exprimer l’ambiguité des relations de couple. Auparavant on l'avait remarquée en Belgique comme interprète subtile de deux pièces de Myriam Saduis, « Histoire d’âme », de Bergman et « la Nostalgie de l’avenir »,  une adaptation originale de la « Mouette » de Tchekov. Florence est aussi actrice de cinéma, notamment dans des séries françaises comme « Enquêtes réservées » d’Etienne Dhaene et Jérôme Portheault. C.J.

« L’aide-mémoire » de Jean-Claude Carrière, créé au Théâtre des Bosons à Bruxelles, et « Les chaussures de Fadi » de Caroline Safarian, créé à L’Espace Magh et repris au Senghor.

dans "L'aide-mémoire", "Les chaussures de Fadi"