Comme pour les mots où les silences ont leur importance, chez Matthieu Ferry les noirs sont la respiration de l’éclairage. Pour
L’Institut Benjamenta monté par Luçon, il était besoin de glauque, d’atmosphère sombre, de rais lumineux traversant la poussière, d’impression de huis clos. Il fallait au surplus la mise en valeur des visages, ceux sur lesquels l’émotion, la tension se lisent en gros plan.
Se succèdent le jaune d’un solaire passé par le filtre d’une lucarne encrassée, le blanc glacial d’une maison livrée à la froideur apparente d’une institution sclérosée. La pénombre reste de mise qui convient aussi à l’intime des confidences. Combinaison d’une lumière verticale et d’une autre latérale, les effets de Ferry aident les voix et les corps. L’espace découpé de la sorte, réhabité par des reflets venus du décor, renforce l’étrangeté du lieu, place le public en position d’enquêteur tenu de chercher des indices, de profiter de la moindre lueur.
Ferry, formé à l’École de la rue Blanche à Paris, éclairagiste de Sarraute, Noren, Rilke et quelques autres, a réalisé ici un appoint indispensable pour soutenir la mise en scène de Luçon. Il a travaillé avec Py, Pommerat, Raskine et, chez nous, Léa Drouet (
Quelqu’un va venir de Fosse –
La maladie de la Mort de Duras). M.V.