Avant même l’entrée des spectateurs dans la salle, Laura Sepul est là, arpentant le plateau d’un pas décidé, franchissant le haut rideau transparent qu’elle écarte d’un coup de micro, produisant un bruit violent. Encore et encore, elle répète les mêmes gestes, tout en racontant d’une étrange voix de petite fille, l’histoire de l’ogre qui dévorait ses enfants. A travers sa seule présence, le public est immédiatement plongé dans l’univers étrange, oppressant du
Chagrin des Ogres. Communiante, mariée, fée, princesse… on ne sait qui elle est vraiment. Sous son diadème, une tache rouge sang s’étend sur la robe blanche. D’un bout à l’autre du spectacle, elle sera celle qui commente, raconte, houspille les personnages, nous entraîne dans leurs univers. A la fois narratrice et manipulatrice, porteuse de la légèreté, de l’imagination mais aussi de la cruauté de l’enfance, elle peut se transformer en monstre vociférant ou interrompre le récit pour raconter ses petites histoires à elle, contes modernes directement issus du réel. La voix transformée par une subtile manipulation technique, elle évolue sur le fil du rasoir, évitant toujours le ridicule ou l’exagération. Jusqu’à la supplique finale, balbutiée, suppliante, qui hante longtemps après la mémoire des spectateurs :
« Je ne veux pas que ça se termine comme ça… »JMW
Un spectacle de la compagnie Artana, production Théâtre National avec l'aide du Festival de Liège et Théâtres & Publics.
En tournée au Centre culturel de Ciney le 10 novembre, au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris du 26 novembre au 3 décembre.
Le chagrin des ogres