Une belle histoire d'un monde peu connu, celui des colombophiles, une histoire de transmission d'un savoir, d'une passion, d'une amitié entre un gamin et un veil homme, son mentor de « coulonneux ». Le petit garçon a grandi, son amour des pigeons aussi. Seul sur scène... avec Duchesse, son volatile préféré et quelques autres, Kevin Defossez, comédien-colombophile, plonge dans son enfance, en réveille des anecdotes drôles, pleines d'émotions, toutes histoires vraies. Mis en scène par Thierry Lefevre (son professeur au Conservatoire de Mons), tout en sobriété et simplicité, d'une très belle attention au geste qui parle, au silence qui écoute, Kevin Defossez joue son propre rôle, mais aussi celui du vieux Ghislain. La langue devient alors rude, elle a la saveur du terroir picard. A la fois réaliste et poétique, traversée de chansons, d'envolées surréalistes superbes, la construction de Pigeons se picore en aller-retours : un mot, un nom, celui d'un homme ou d'un pigeon ouvrent alors la porte aux aux souvenirs, en tonalités contrastées. Trajet d'une vie, le spectacle devient une étonnante initiation aux arcanes de ce métier-passion, à son histoire et à ses réalités rurales. Sur un plateau dépouillé, où toute une époque se signe par un lampadère, une télévision, un porte-manteau... et des outils de colombophile (scénographie d'André Meurice), Kevin Defossez nous garde sous son aile, dans une justesse de ton et de rythme qui font de ces Pigeons un petit bijou, qui mérite une reprise. M.F.
avec Kevin Defossez