Dans un intérieur qui sent le quotidien, un homme et une femme déambulent, se croisent, se cherchent, s'évitent sur fond de bruit de bouilloire et de chansons de Brigitte Fontaine. Par moments, ils se figent, à d'autres, ils se retrouvent dans un même mouvement, toujours furtif. Les trajectoires décrivent le chassé-croisé millimétré de ce couple qui a vécu. Le temps est passé, l'amour s'est émoussé. Le temps passe encore, les gestes se répètent, d'un jour à l'autre. Ils échangent quelques mots sans conséquence ou s'écrivent parce qu'ils n'arrivent plus à se parler.
« C'est dramatique et c'est normal, explique Erika Zueneli. C'est dramatique, comme la vie, l'ironie en plus. C'est un regard sur soi terrible, comme la vie, mais ça continue et c'est pas grave ». La pièce, qui évoque la relation d'amour dans le temps et l'absurdité de rapports amoureux qui se sont perdus en eux-mêmes, fait référence au film d'Ettore Scola "Nous nous sommes tant aimés" (C'eravamo tanto amati, d'où le titre «
Tant'amati »). C'est une réalité donnée à voir où la forme prime sur la narration. Le corps des comédiens parle par la forme que lui donne l'écriture chorégraphique, même dans des gestes très quotidiens, et dessine cette vie à deux dans l'espace.
Chorégraphe et danseuse, Erika Zueneli est née à Florence et a fréquenté à̀ New York les écoles d'Alwin Nikolais et Merce Cunningham. Depuis 1996, elle collabore avec la Cie Mossoux - Bonté. En 1998, elle entame une recherche personnelle avec les solos «
Frê̂les Espérances » et «
Ashes » et fonde avec Olivier Renouf la Cie l'Yeuse en 2000.
Erika Zueneli