elu

Demain

/photos/Demain.pngDès les premières secondes de Demain, Michèle Noiret cueille son public par surprise. Il faut un sacré culot pour oser ainsi affronter le silence, l’immensité du plus grand plateau de la capitale et un public en pleine lumière. Il faut aussi la maîtrise absolue du mouvement qui caractérise cette danseuse et chorégraphe. Après de grandes pièces chorales, elle revient à un solo époustouflant, rassemblant toutes les facettes de son art avec, en prime, cette aisance sereine qui est le privilège de la maturité. Formidable pièce dansée, Demain est aussi une nouvelle étape dans le travail que Michèle Noiret mène depuis des années avec la technologie, la lumière, la création musicale, l’image filmée en direct ou enregistrée. Pour tout cela, on retrouve évidemment une série de collaborateurs de longue date : Todor Todoroff, associé ici à Stevie Wishart (musique et son), Xavier Lauwers (lumières) et Alain Lagarde (scénographie) rejoints par Aliocha Van der Avoort pour les parties filmées. Visuellement éblouissant, Demain est aussi une pièce où la chorégraphe porte un propos fort sur notre devenir d’êtres humains. Son talent est de parvenir à évoquer un sujet aussi angoissant à travers une œuvre d’une beauté époustouflante qui n’impose rien au spectateur et laisse à chacun le soin de ressentir et de s’interroger.(J-M.W) Créé au Théâtre national. Compagnie Michèle Noiret/Tandem asbl. Coproducteurs Théâtre National - La Filature, Scène nationale-Mulhouse - Charleroi/Danses, Centre chorégraphique de la Communauté française de Belgique, L’Atelier du Rhin. Reprise au Manège.Mons et au Théâtre National chorégraphie de Michèle Noiret

Walk Talk Chalk

/photos/Walk_Talk_Chalk.pngDans Walk, Talk, Chalk, véritable puzzle dont les pièces ne cessent de se disperser, tout n’est qu’en sursis. On marche (walk), on parle (talk) et on laisse des traces comme avec cette craie (chalk) écrasée sur le sol dès le début du spectacle. Mais tout finit par passer. En ne gardant que les initiales du titre, on trouve évidemment WTC, soit le nom des tours jumelles de Manhattan réduites en poussière. Mais celles-ci ne sont qu’une des illustrations de ce monde où nos espoirs, nos amours, nos rêves s’envolent puis s’effondrent en laissant un vide immense. Vide sur lequel se construiront ensuite d’autres espoirs, d’autres amours, d’autres rêves. Dans Walk, Talk, Chalk, mélange de chorégraphie et d’installation plastique en mouvement, aucune image n’est définitive. Le texte éructé d’une voix sépulcrale par une des danseuses, la danse qui surgit aux moments les plus inattendus, les costumes s’affirmant clairement comme tel, les constructions et les effondrements, les moments de communion et les solitudes qui s’ensuivent… tout cela forme un chaos sonore, visuel, sensoriel qui ressemble terriblement à la vie. Avec la collaboration d’Antoine Pickels (dramaturgie), de Michel François et Gwendoline Robin (collaborations artistiques), de Denis Mariotte (composition musicale et film) et des danseurs emmenés par ses vieux complices Stefan Dreher et Thomas Hauert, Pierre Droulers nous invite à continuer à avancer, pour ne pas laisser s’éteindre nos désirs.(J-M.W) Créé au Kaaitheater dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts. Production Charleroi/Danses, en co-production avec le KunstenfestivaldesArts, le Festival de Marseille, Le Merlan / scène nationale à Marseille, marseille objectif dansE, La Bâtie-Festival de Genève. chorégraphie de Pierre Droulers

Aphasiadisiac

/photos/Aphasiadisiac.pngLe public francophone a découvert par hasard, cette saison, aux Tanneurs, Ted Stoffer comme chorégraphe d’une immense drôlerie, dans Aphasiadisiac. Or il est loin d’être un inconnu et dans le milieu de la danse belge et internationale et même d’un public plus large. Faisant partie, notamment, de la grande tribu des Ballets C.de la B d’Alain Platel on l’a vu danser dans Import-Export de Koen Augustijnen, en 2006, déjà aux Tanneurs/ Mais son influence est bien plus large. Venu à la danse contemporaine par la gymnastique, le jazz et le ballet classique il a «coaché» les danseurs de troupes fameuses, comme celle de Sacha Waltz, ou de Charleroi-Danses (en particulier Michelle-Anne-Anne De Mey) de Rosas d’Ann Teresa De Keersmaeker, d’Ultima Vez de Wim Vandekeybus et bien sûr les Ballets C.de la B. Sa méthode est basée, notamment sur des éléments de yoga de tai chi et de chi gong (travail sur l’énergie intérieure) Aphasiadisiac (mélange comique d’aphasie et d’aphrodisiaque) oblige les corps amoureux à se chercher au milieu d’un enchevêtrement de structures de bois, de tours en équilibre instable avec une difficulté à communiquer que seule la musique et le langage du corps parviennent-parfois - de manière si fragile, si provisoire- à résoudre. Joli mélange d’acrobatie, d’humour, de performance et d’esprit zen.(J-M.W) Aphasiadisiac de Ted Stoffer au Théâtre des Tanneurs chorégraphie de Ted Stoffer